Ce timbre est un faux... mais saurez-vous dire pourquoi ?
Newsletter de la maison Calves #50
Cela faisait un moment que nous ne vous avions pas proposé de défi, comme nous l’avons fait à plusieurs reprises dans nos précédentes newsletters. Il était donc grand temps de mettre de nouveau à l’épreuve votre sens de l’observation.
Aujourd’hui, nous allons nous intéresser à l’un des timbres français les plus emblématiques : le poste aérienne n°3, dit également le “10 fr. Berthelot”. Observez attentivement l’image ci-dessous. Ce timbre est une contrefaçon manifeste. Mais saurez-vous dire pourquoi ?
La réponse vous attend un peu plus bas. Si vous trouvé la solution, bravo ! Vous avez le regard affûté d’un véritable expert. Sinon, pas d’inquiétude : les faussaires ont toujours rivalisé d’ingéniosité, et même les collectionneurs aguerris peuvent parfois être trompés.
C’est pourquoi il est essentiel de prendre certaines précautions. Pour éviter toute mésaventure, privilégiez les timbres signés par des experts reconnus et/ou accompagnés d’un certificat d’authenticité. C’est le meilleur moyen d’éviter les déconvenues et de sécuriser vos acquisitions.
Ce défi vous a plu ? Faites-le savoir en le commentant, en le likant ou, mieux encore, en le partageant avec d’autres passionnés de philatélie !
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➡️ Comment éviter les pièges tendus par certains sites peu scrupuleux.
Pourquoi ce timbre est-il un faux ? Voici la réponse !
Rappelons pour commencer sur l’histoire du “10 fr. Berthelot”.
A la fin des années 1920, l’administration postale a une idée révolutionnaire pour accélérer la distribution du courrier transatlantique : installer un avion à bord d’un paquebot, le catapulter à proximité des côtes et lui confier l’acheminement des lettres vers la terre ferme. Cette innovation permet de gagner un temps précieux en évitant au courrier de devoir attendre que le navire d’atteigne le port pour être distribué. Le paquebot choisi pour cette expérimentation est l'Ile-de-France, qui assure depuis 1927 la liaison entre Le Havre et New York.
Le 13 août 1928, le premier essai a lieu. À environ 400 miles de New York, un hydravion Lioré et Olivier est catapulté depuis la plage arrière du navire. En trois heures seulement, il atteint la côte, alors que le paquebot, lui, n'a avancé que d'une soixantaine de miles. Les sacs de courrier sont immédiatement pris en charge par les services postaux américains et redistribués, permettant à certains habitants de New York de recevoir des lettres expédiées depuis l'Ile-de-France, alors même que le paquebot est encore en mer. L'exploit est largement salué par la presse américaine, qui titre : "Ship's plane saves 15 hours with mail!"

Toutefois, une difficulté surgit pour le trajet retour : Jules Cohen, responsable postal à bord, constate qu’il ne dispose plus d’un stock suffisant de timbres de 10 francs, indispensables pour affranchir les courriers destinés à être catapultés, soumis à des conditions spécifiques d’affranchissement. Face à cette impasse, il propose une solution audacieuse : surcharger des timbres de 90 centimes et de 1,50 franc, dont il possède en revanche une réserve importante. Avec l’accord du consul général de France à New York, il mandate un imprimeur local, Émile Cabella, pour réaliser l’opération. Ainsi, le 16 août 1928, 900 timbres de 1,50 franc à l’effigie de Pasteur et 3 000 timbres de 90 centimes représentant Berthelot sont surchargés en urgence.
Le retour s'effectue dans des conditions similaires au voyage aller. Le 23 août, comme prévu, l'hydravion transporte les sacs de courrier à terre bien avant l'arrivée du paquebot. Mais surtout, lorsque l’Île-de-France accoste au Havre le 24 août, les négociants sont déjà sur place, prêts à racheter aux passagers les timbres neufs qu’ils auraient acquis durant la traversée. En quelques heures, leur valeur marchande s’envole : dès l’après-midi, un exemplaire du 10 fr. Berthelot ou du 10 fr. Pasteur s’échange à 35 francs ; le soir, il atteint déjà 100 francs !
Cependant, l’apparition de ces timbres déclenche une vive polémique. De nombreux philatélistes, frustrés de ne pas avoir pu s’en procurer, remettent en cause leur légitimité. Face aux critiques, l’administration postale tranche sans ambiguïté : les 10 fr. Berthelot et 10 fr. Pasteur ont un statut officiel indiscutable. De ce fait, leur valeur ne cesse d’augmenter, et dès décembre 1928, ces timbres se revendent à plus de cent fois leur valeur faciale. Aujourd’hui encore, ils figurent parmi les pièces les plus convoitées de la philatélie française.

Venons-en maintenant au timbre qui fait l’objet de cet article.
Les 10 francs Berthelot et 10 francs Pasteur font partie des timbres français les plus souvent contrefaits. La raison en est simple : les timbres d’origine sur lesquels la surcharge a été apposée ont été émis à plusieurs dizaines de millions d’exemplaires et ne valent presque rien. Cet état de fait font de ces timbres une cible idéale pour les faussaires, qui peuvent aisément récupérer des exemplaires bon marché et leur apposer une surcharge frauduleuse afin de les revendre à prix d’or.
En tant qu’experts, nous examinons chaque année des dizaines de ces fausses surcharges. La plupart sont grossières : encre bleue au lieu de noire, chiffres disproportionnés, impression moderne au lieu du procédé typographique d’époque, etc. Nous vous présentons ci-dessous un échantillon de ce type de contrefaçons.


Pour sa part, le timbre qui nous intéresse dans cet article aurait pu être un faux « acceptable », s’il n’était entaché d’une erreur évidente, révélant immédiatement la supercherie. Le faussaire a en effet reproduit une variété bien particulière du timbre surchargé : la "surcharge espacée", où le chiffre 10 se trouve à 8 mm au lieu de 6 mm des barres annulant l’ancienne valeur de 90 centimes. Ce choix, loin d’être anodin, visait à maximiser son profit, cette variété étant plus rare (un timbre sur 10 seulement est concerné).

Mais c’est là qu’il a commis une faute décisive.
La variété "surcharge espacée" apparaît toujours aux cases 41 à 45 des planches de 50 timbres. Ces timbres sont positionnés au-dessus de ceux qui occupent les cases 46 à 50, lesquels sont ceux situés en bas la feuille. Par conséquent, il est impossible qu’un timbre avec surcharge espacée tienne par le bas à un bord de feuille. Or, c’est précisément ainsi que se présente notre exemplaire ! Cette incohérence le dénonce immédiatement comme étant un faux.

La philatélie en danger ? Vraiment ?
Un article alarmiste, paru il y a quelques jours sur le site de France 3 Centre-Val de Loire, nous prédit une fois de plus la disparition imminente de la philatélie ! Encore et toujours les mêmes clichés : "les jeunes ne collectionnent plus", "les timbres ne valent plus rien", "la passion s'éteint"... Pourtant, il suffit d'observer les résultats des ventes aux enchères, en France comme à l'international, pour voir que cette idée est tout simplement fausse. Oui, les belles pièces trouvent toujours preneurs, souvent à des prix très élevés. Oui, les collectionneurs sont toujours là, et les transactions continuent à prouver que ce marché est bien vivant.
Bien sûr, nous ne sommes plus dans les grandes heures des années 80 et 90, mais il n’en reste pas moins que des collectionneurs (et ils sont nombreux) dépensent encore aujourd’hui des centaines, des milliers, et parfois des millions d'euros pour ces "simples bouts de papier" que sont les timbres. Le timbre reste un objet d'art, un témoin de l'histoire, et même une valeur sûre pour ceux qui savent acheter avec discernement.
Ce qui est dangereux, en revanche, c'est de propager ces discours fatalistes. Car qui cela arrange-t-il ? Certainement pas les collectionneurs, mais plutôt les acheteurs peu scrupuleux qui rachètent à bas prix les collections d'héritiers mal informés, convaincus à tort que leurs timbres ne valent plus rien. Répéter en boucle "la philatélie est morte" ne fait que servir leurs intérêts, et nous, passionnés, ne devons pas tomber dans ce piège.
C’est pourquoi, en tant qu’experts de référence sur le marché philatélique français, nous avons décidé d’agir. Dans quelques jours, nous lancerons une nouvelle newsletter destinée au grand public (et dont vous serez également destinataires). Son objectif ? Démonter ces idées fausses et prouver, chiffres à l'appui, que les timbres continuent à se vendre à des prix significatifs. Chaque numéro mettra en lumière une pièce récemment vendue aux enchères, en expliquant pourquoi elle a atteint un prix élevé. Nous fournirons également des conseils à ceux qui souhaitent mieux appréhender le marché ou faire expertiser leurs collections.
La philatélie est bien vivante. Elle évolue, certes, mais elle est loin d'avoir disparu. Il nous appartient de le rappeler et de le défendre avec force. Restons fiers de notre passion, et continuons à faire vivre ce marché qui, quoi qu'on en dise, a encore de beaux jours devant lui.
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Pourquoi choisir la maison Calves ?
C’est simple. Nous sommes les experts que les autres experts consultent.
Depuis plus de 50 ans, la mention “signé Calves” fait autorité dans les catalogues de ventes aux enchères. C’est chez nous que passent les timbres les plus rares et les plus difficiles à authentifier.
Tout commence en 1943 avec Roger Calves, élève d’Aimé Brun - figure fondatrice de l’expertise philatélique moderne. Son exigence et son savoir-faire sont ensuite transmis à Christian Calves et Alain Jacquart, qui font aujourd’hui référence dans le monde philatélique.
➡️ En 2024, La Poste française rend hommage à cette histoire en émettant un timbre officiel à l’effigie de Roger Calves — un honneur rare, partagé par peu d’experts philatéliques.
Toujours aussi passionnant !
Merci pour ce passionnant article que nous partagerons à notre prochaine réunion philatélique