Messageries privées : ces timbres que les catalogues ont oubliés
Newsletter de la maison Calves #73
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Messageries privées : ces timbres que les catalogues ont oubliés
Savez-vous que, dès le XIXᵉ siècle, la Poste n’avait pas le monopole du transport des colis ? Jusqu’en 1881, son monopole ne portait que sur l’acheminement des lettres, papiers et paquets jusqu’à 1 kg. Au-delà de ce poids, les « envois pesants » échappaient totalement au contrôle de l’État : ils étaient pris en charge par des messageries privées. En 1881, un premier tournant survient : la Poste confie aux chemins de fer français le transport des colis d’un à trois kilos. Mais, au-dessus de cette limite, les messageries privées conservent leur rôle… et certaines émettent même leurs propres timbres, un domaine méconnu et largement ignoré des catalogues. Le Spink/Maury en recense bien quelques-uns (notamment ceux de la Compagnie Générale des Transports Parisiens ou de la Société des Colis Postaux de Paris pour Paris), mais beaucoup d’autres restent inexplicablement absents. Comment s’y retrouver ? Grâce, entre autres, au travail pionnier de Gustave Bertrand, publié en 1932 dans son Mémorial philatélique – tome I - La France depuis 1880. L’ouvrage n’est pas toujours d’une plume très heureuse, mais il demeure une étude de référence, d’une rigueur remarquable - raison pour laquelle nous en reproduisons ici quelques passages. Certains timbres pour colis sont très courants (on a vu réapparaître des feuilles entières de timbres neufs de « Colis postaux de Paris pour Paris » dans les ventes Christoph Gärtner, à la suite du scandale Afinsa, dont nous vous avons déjà parlé). D’autres, en revanche, sont presque introuvables. Il s’agit donc d’un champ de collection passionnant, encore largement à explorer. Bonne lecture !
“Les timbres pour colis postaux sont destinés à marquer la perception du prix de transport par chemin de fer et camionnage de colis légers, que leur poids et leurs dimensions ont fait appeler «postaux » par analogie avec les paquets dont la Poste assure la transmission. Les catalogues actuels ne mentionnent que les timbres émis depuis 1892, depuis que les Compagnies de Chemins de fer ont eu la concession du transport de ces colis.
Cependant, les anciens catalogues indiquaient d’autres timbres émis avant 1892. Il faut distinguer deux périodes avant celle commençant en 1892 :
La période allant de 1890 à 1892, pendant laquelle la Société des Colis-Postaux de Paris pour Paris obtint de l’Administration des Postes le droit de transporter des colis postaux à l’intérieur de Paris.
La période antérieure à 1890. La transmission rapide des colis de faible poids était une nécessité et le besoin créant l’organe, plusieurs sociétés se constituèrent dans ce but. (…) Ces sociétés apparurent en 1860. En effet le 16 décembre 1860, la Compagnie Générale Transatlantique, succédant à l’Union Maritime, avait obtenu la concession du service destiné à assurer le service postal entre la France et les Colonies.
Emissions de la Compagnie Générale Transatlantique
Cette compagnie transportant, pour le compte de l’Administration des Postes, les colis et les lettres, elle créa des vignettes destinées à l’affranchissement des colis. (…) Ces vignettes, dentelées 11, comportent deux parties séparées par un pointillé, l’une carrée 40-40, l’autre oblongue 40-65 et ayant toutes deux la légende : « ADMINISTRATION DES POSTES - COLIS POSTAL - Cie Gle TRANSATLANTIQUE » avec, au centre, un nom de ville et au-dessus, un numéro.

Les noms qui ont été signalés sont ceux de : Alger ; Bône ; Bordeaux ; Bougie ; Marseille ; Oran ; Tunis. Comme on le voit ces noms ne concernent que les relations avec l’Algérie et la Tunisie ; la Compagnie assurait cependant les relations postales avec la Martinique, avec annexes sur la Guadeloupe et la Guyane. Il devait donc exister d’autres vignettes pour les colis à destination de ces pays. Il existe deux séries, la première ayant le nom de la ville et le n° en noir sur fond blanc ; la seconde ayant seulement le n° sur fond blanc, celui de la ville étant sur fond de couleur. (…)
Les compagnies parisiennes de la période 1871-1890
Nous savons que pendant la Commune de Paris, diverses agences se créèrent pour le transport des lettres. Lorsque l’ordre fut rétabli dans Paris, ces agences ne purent plus fonctionner postalement. Si certaines disparurent, d’autres se mirent à transporter les colis dans Paris. Il ne nous reste aucune trace de cette activité jusqu’à une date non précisée, à laquelle nous trouvons les timbres de :
la Compagnie Anonyme des Messageries Parisiennes. Chiffres dans un cercle sur fond vert, burelé bistre. Inscription : « Bon de factage ». (…)
la Compagnie Générale des Commissionnaires Parisiens. Chiffres dans un cercle sur fond burelé gris. Inscription « Timbre paquet ». (…) Les plus rares sont les deux 25 c.
la Compagnie Générale des Transports Parisiens (1878). Au centre, voiture omnibus à deux chevaux surmontée d’un écusson portant le chiffre de la valeur, dans un encadrement formant portique portant « COMPAGNIE GÉNÉRALE DES TRANSPORTS PARISIENS PAR LE MATÉRIEL DES OMNIBUS ». « BON DE TRANSPORT ». En bas « PAQUET». Non dentelé.

Timbre de la Compagnie Générale des Transports Parisiens, 25 c. bleu, catalogué par le catalogue Spink/ Maury sous le n°2 des Colis postaux de Paris pour Paris, actuellement en vente dans notre sélection de l’expert. Express Packet (1882). Au centre, voiture de livraison, dans un encadrement orné. En haut « EXPRESS PACKET » et en noir surcharge « Contrôle » et au-dessous indication d’un poids et numéro d’ordre, dentelé. La série existe sans le mot « Contrôle ». (…) Les non dentelés sont considérés comme des essais.
La Société des Colis Postaux de Paris pour Paris (à partir de 1890)
La multiplication des entreprises présentant de sérieux inconvénients par suite des différences de tarifs, des modalités de transport, l’Administration éprouva la nécessité d’unifier tout cela et concéda le droit de transporter les colis postaux dans l’intérieur de l’agglomération parisienne à la Société des Colis Postaux de Paris pour Paris, dont le siège fut primitivement 36 et 38, rue du Louvre et, successivement, 23 rue du Louvre et 96, rue Amelot.
La Société utilisa d’abord des tricycles spéciaux, munis derrière le siège du facteur d’une boîte où les colis étaient enfermés. Ce mode de transport ne réussit pas ; ils étaient fatigants pour leurs conducteurs, onéreux comme prix d’achat, nécessitaient des réparations continuelles, la circulation était difficile et il fallait abandonner les colis dans la rue pendant la délivrance des colis dans les maisons.
Le 1er janvier 1891, les tricycles furent remplacés par de bonnes voitures à un cheval, où deux hommes, cocher et facteur, assuraient la sécurité des colis. Le commerce comprit alors le parti qu’il pouvait tirer de cette organisation et, en un an, le service des colis postaux tripla. 330 bureaux de dépôt furent établis, principalement chez les débitants de tabac où le public avait l’habitude d’aller. La Société donna une garantie de 151F. par colis en cas de perte.
Le premier timbre est émis le 1er septembre 1890. Il s’agit d’un timbre de grande dimension représentant les deux serpents du caducée dans une roue de vélocipède ; la roue est accolée de deux ailes et surmontée d’une couronne murale d’où partent des foudres. Inscription : « Messagers Nationaux - N° Dépôt COLIS POSTAUX - 25 Centimes ». Ce timbre, typographié, était détaché d’un carnet qui comprenait, séparée par une dentelure, outre un timbre tout semblable portant le mot RÉCEPISSÉ pour être remis à l’expéditeur, une souche avec place pour les N° d’ordre, la date et le timbre-décharge du messager.

(…) En 1892, la loi change. En effet, en vertu de la loi du 10 avril 1892, le service des colis postaux est désormais fait au nom et sous le contrôle de l’Admnistration des Postes, par les réseaux de chemins de fer, les compagnies maritimes, par certains services d’autobus et par les courriers de la Poste. (…) Toutefois, le monopole ainsi accordé aux chemins de fer laissa subister la Compagnie des Colis Postaux de Paris pour Paris qui continua ses émissions.


Emissions faites en Province
Les mêmes besoins ayant les mêmes effets, il y eut, en Province, des Compagnies qui se chargèrent du transport des petits colis. Pour faciliter la perception des frais de port de ces colis, elles créèrent des vignettes rappelant celles de Paris. Pour la période antérieure à 1900, nous ne connaissons actuellement qu’une émission de ce genre faite, vers 1860, par le Service des Messageries des Tramways allant de Roubaix à Tourcoing et vice-versa. Ces vignettes portent le chiffre de la valeur au centre d’un double ovale avec, en bas, le mot : « AFFRANCHISSEMENT » sur les côtés : « MESSAGERIES » et dans le double ovale «TRAMWAYS de ROUBAIX - TOURCOING ».”

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