Cette lettre est fausse ... mais saurez-vous dire pourquoi ?
Newsletter de la maison Calves #12
Il y a un mois, nous vous avions proposé de résoudre une énigme philatélique. Il s’agissait de déterminer pourquoi le n°55b dont vous présentions les photos était un faux. Cet article a soulevé beaucoup d’intérêt : il fait partie de ceux de notre newsletter ayant cumulé le plus de vues (plus de 10 000 à ce jour).
Par conséquent, nous avons décidé de renouveler l’expérience cette semaine et de vous mettre de nouveau au défi. Regardez attentivement les photos ci-dessous qui présentent une lettre affranchie avec un n°7 (un franc vermillon). Cette lettre est un faux grossier. Mais saurez-vous dire pourquoi ?
Si cet article vous intéresse, n’hésitez pas à le commenter, à le “liker” ou, mieux encore, à le transférer à d’autres philatélistes ou à le partager sur vos réseaux.
Actualités de la maison Calves :
Les experts Christian Calves et Alain Jacquart seront présents sur le 1er salon toutes collections, organisé par le PHILAV (association philatélique avignonnaise), qui se déroulera le dimanche 14 avril de 9h00 à 16h30 à la salle polyvalente de Montfavet (246 rue Félicien Florent, 84140 Avignon-Montfavet). Ils seront heureux de vous rencontrer pour expertiser vos timbres ou pour répondre à vos questions sur l’expertise et la philatélie.
En vente dans notre vente flash, jusqu’au 17 avril 2024 :
Pourquoi cette lettre affranchie avec un n°7 est-elle un faux ? Voici la réponse !
Les raisons pour lesquelles cette lettre est fausse sont nombreuses. En voici quelques-unes.
Pour commencer, comme vous le savez vraisemblablement, le Vermillon est un timbre qui est resté en vente dans les bureaux de poste moins d’un an, entre janvier et décembre 1849 (l’administration ayant fait le choix de le retirer, par crainte que l’on puisse confondre sa couleur avec celle du 40 c. orange, émis en 1850).
Dans ce contexte, il est très suspect de le trouver utilisé sur une lettre… de 1854. Certes, les plus connaisseurs d’entre vous nous diront que l’on connaît quelques Vermillon utilisés tardivement. Nous leur répondrons qu’ils ont raison, mais qu’il s’agit de cas exceptionnels. De manière générale, retenez qu’il est rarement bon signe de trouver un Vermillon sur une lettre avec un cachet d’arrivée de 1854 comme ici.
Intéressons-nous maintenant au recto de la lettre. Notre Vermillon est oblitéré d’un cachet petits chiffres 3516, lequel correspond au charmant village de Vendresse, dans les Ardennes. On s’attend donc à trouver le cachet à date de cette commune à côté du timbre.
Or, pas de chance, le cachet à date sur la lettre est celui de Laventie, autre charmant village, mais situé, lui, dans le Pas-de-Calais, et dont l’oblitération petit chiffres est non pas le 3516, mais le 1677. La conclusion s’impose d’elle-même : les timbres n’appartiennent pas à la lettre, celle-ci est une fabrication.
Enfin, regardons le timbre de plus près : lorsqu’on le compare à un timbre authentique, on s’aperçoit vite que le dessin diffère sensiblement. Lèvres trop épaisses, lettres REPUB FRANC et POSTES trop maigres… Le doute n’est pas permis : notre Vermillon est un faux de toute pièce.
Sans doute la plupart d’entre vous se disent-ils, à ce stade, que cette lettre était un faux bien mal exécuté, et qu’ils ne s’y seraient jamais laissés prendre. N’en soyez pas si sûrs ! Car regardez à présent le certificat Roumet qui accompagnait cette lettre :
Vous avez bien lu, ce certificat atteste que notre Vermillon serait un faux réalisé par le grand et célèbre faussaire Jean de Sperati.
Or, ceci pose problème. D’une part, Sperati fabriquait des timbres détachés, et non pas sur lettre. D’autre part, sa production était en général de grande qualité (aux antipodes du Vermillon de notre lettre). Enfin, la gamme des oblitérations qu’il utilisait sur sa production est connue, et le cachet petits chiffres 3516 n’en fait pas partie.
Qu’en conclure ? Pour le savoir, nous nous sommes rapprochés de la maison Roumet… et avons eu la confirmation de ce que nous suspections : le certificat est lui aussi un faux (et un faux de très bonne facture).
La morale de l’histoire est la suivante : n’hésitez jamais à faire confirmer auprès des grandes maisons l’authenticité de leurs certificats. Car, dans le cas présent, s’il était facile de déterminer que la lettre était une fabrication, il l’était peut-être moins de savoir que le certificat en était également un.
A noter : en ce qui concerne la maison Calves, pour les certificats émis à partir d’octobre 2015, vous pouvez effectuer vous-même la vérification sur notre site Internet, grâce à notre base de données en ligne.
Si vous souhaitez en apprendre plus sur l’histoire passionnante du faussaire Sperati, nous vous recommandons :
d’écouter l’émission que lui a consacrée Franck Ferrand sur Radio Classique : Le faussaire Sperati
lire l’article que lui a consacré Delcampe Magazine dans son édition de janvier 2016 : Jean de Sperati, faussaire, escroc ou artiste ?
Egalement en vente dans notre vente flash :
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La tentation rassurante étant de s'en remettre à la présence d'un certificat il serait souhaitable que tous vos confrères vous emboitent le pas dans la création d'une base consultable des certificats émis.
Merci