L'incroyable histoire d'un ballon monté : La Ville d'Orléans
Newsletter de la maison Calves #10
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L’article de la semaine : “L’incroyable histoire d’un ballon monté : La Ville d’Orléans”
Nous connaissons tous l’histoire des ballons montés, ces aérostats qui furent utilisés pendant le Siège de Paris de 1870-1871 pour maintenir les communications entre Paris et la Province. Mais nous oublions parfois le courage incroyable des hommes qui se portèrent volontaires pour les piloter (le plus souvent sans expérience préalable) et qui, pour beaucoup, manquèrent de leur payer de leur vie. Le ballon monté ayant eu l’histoire la plus étonnante est probablement La Ville d’Orléans : nous vous proposons cette semaine de la découvrir sous la plume alerte de Georges Brunel, rédacteur en chef du Timbre-poste.
“On sait que Paris étant investi en 1870, on eut recours aux ballons pour pouvoir correspondre avec la province : 85 aérostats s'élevèrent de la capitale emportant quatre millions de lettres.
Le 24 novembre 1870, le Gouvernement ayant à faire parvenir à Tours des dépêches de la plus haute importance, ordre fut donné d'appareiller le ballon La Ville d'Orléans. Le vent devait porter l'aérostat vers le Nord ; et, d'après sa vitesse — trois à quatre lieues à l'heure — on pouvait supposer qu'en partant le soir, il serait le matin dans les environs de Dunkerque.
A 11 h45 du soir, l'ingénieur Rolier, qui assumait les fonctions de pilote, prononçait le sésame : «lâchez tout», et le ballon s'élevait rapidement, disparaissait dans la nuit. Avait pris place comme aide et passager Léon Bezien, franc-tireur. Les deux hommes ne s'étaient jamais vus et devaient faire connaissance à 1 000 mètres de hauteur, en rangeant les sacs de dépêches contenant cent mille lettres et posant 300 kilogrammes. Au cercle était attachée une cage d'osier contenant six pigeons voyageurs. (…)
La nuit était noire et les aéronautes n'avaient aucune idée des endroits qu'ils survolaient. Au petit jour, il leur sembla planer au-dessus d'une plaine de neige. On tira la soupape ; le ballon se rapprocha de terre… et, à 6 heures du matin, les voyageurs s'aperçurent qu'ils étaient au-dessus de la mer ! Le ballon très lourd, comme on le sait, continuait de descendre, et bientôt la nacelle affleurait le sommet des vagues menaçant d'engloutir les passagers. Que faire ? Rolier prit une décision énergique ; il résolut de se débarrasser d'une partie de ses sacs de correspondance. Il coupa la corde d'un sac de 125 kilos ; de là, le ballon remonta rapidement, et, bientôt, il atteignait une altitude de 5 000 mètres se dirigeant vers l'Est. Mais, d'épais brouillards entourèrent l'aérostat. Impossible de savoir où l'on allait ; le froid était rigoureux et les aéronautes perdus dans l'espace.
Et bientôt, une inquiétude nouvelle les saisit ; le ballon commençait à redescendre et l'on ne voyait pas à cinq mètres devant soi. Peu après le guiderope1 ondula et tressaillit ; la tête d'un sapin se fit voir dans le brouillard, et Rolier, tirant la soupape, prépara son voyageur à sauter au moment donné.
La Ville-d'Orléans touche le sol ; Rolier saute, tandis que Bezien, blessé à la main, s'embarrasse dans les cordages de l'ancre et se trouve tenu, par la jambe ; l'aérostat remonte, et Rolier, voyant le danger, bien qu'à moitié mort de fatigue, se cramponne au guiderope, ralentit l'ascension et permet ainsi à son compagnon de se dégager ; tous deux roulent dans la neige, qui amortit leur chute. Le ballon délesté repart, emportant tout : instruments, dépêches, pigeons, vivres ; il était 2 h20 minutes du soir !
Les aéronautes marchèrent à l'aventure pendant trois heures, par soixante centimètres de neige ; ils désespéraient quand enfin ils découvrirent une cabane où ils passèrent la nuit. Vers les six heures du matin, après s'être frottés avec de la neige et avoir rempli leurs poches d'herbes sèches pour en mâcher afin de tromper les ardeurs de la faim, ils se remirent en route au hasard, incapables de deviner l'endroit où ils étaient tombés !
Aucune trace d'êtres humains ne se relevait ; leurs forces s'épuisaient et ils envisageaient le moment où ils seraient obliges de s'arrêter et de mourir épuisés, dans la neige, sans avoir pu remplir la mission qu'ils s'étaient imposée. Rolier n'avait que cette pensée… Tout à coup ils remarquèrent les traces d'un traîneau et les pas d'un cheval ; ils suivirent péniblement ces traces jusqu'à la fin de la journée, pour arriver à une autre cabane dans laquelle ils trouvèrent les restes d'un feu, du café et des pommes de terre cuites ! qu'ils dévorèrent, on suppose avec quelle avidité...
Un bruit les fit sortir de la cabane : deux hommes s'avançaient tenant un cheval par la bride. Rolier les salua à la russe ; ils répondirent à cette marque de politesse, mais il fut impossible aux uns comme aux autres de se faire comprendre. Les voyageurs avaient beau répéter : France ! ballon ! Paris ! les paysans les regardaient d'un air ahuri. Les aéronautes firent une mimique connue, indiquant qu'ils avaient faim. Les braves gens allumèrent le feu, tirèrent de leur bissac du lard fumé avec et des pommes de terre. Les naufragés de l'air étaient sauvés !
Mais où se trouvaient-ils ? Rolier saisit la boîte d'allumettes d'un des paysans et lut « Nitidals taends likkor. Il sund, Christiania ». Ainsi ils étaient en Norvège. Rolier fit comprendre qu'il désirait se rendre dans cette capitale : ils en étaient à 300 kilomètres. (…) Les paysans comprirent ce qu'il désirait ; ils guidèrent les voyageurs et après deux heures de marche pénible, ils arrivèrent dans un petit hameau où demeuraient leurs sauveteurs et leur famille. C'est de là qu'ils partirent pour se rendre à Christiania.
Leur odyssée ne tarda pas à être connue et leur voyage à travers cette partie de la Norvège fut triomphal. A Kongsberg, ils trouvèrent le télégraphe et purent envoyer une dépêche au consul de France à Christiania. Ils furent l'objet d'une ovation étonnante. Les dames de la ville avaient acheté tout ce qu'elles avaient pu trouver d'étoffe blanche, rouge et bleue, aussi, quand les voyageurs passèrent sur le pont de Kongsberg, ce fut sous une double haie de drapeaux tricolores et salués par les vivats mille fois répétés de « Vive la France ».
A Hongsud, la première station de chemin de fer, ce fut la même réception. Arrivés enfin à Christiania, ils eurent la joie de retrouver leur ballon et tout ce qu'il contenait. L'aérostat avait été recueilli au mont Lid, à plus de 100 kilomètres de l'endroit où ils avaient pris contact avec le sol. Inutile d'insister sur la réception qui leur fut faite dans la capitale norvégienne. M. Albert Hept, notre consul, avait fait diligence pour entrer en possession du ballon, et bientôt le Gouvernement de Tours recevait les dépêches, dont une « réglait une sortie de l'armée de Paris pour opérer une jonction avec l'armée de la Loire » Cette dépêche dut traverser la Belgique, le Danemark, la Norvège, pour repasser en Angleterre avant d'arriver à destination.
Le sac qui avait été abandonné en mer, fut repêché par un navire qui avait vu la manoeuvre, mais qui était trop éloigné pour aller au secours des intéressés. Il fut envoyé en France par l'entremise de notre agent consulaire à Mandal et les lettres qu'il contenait purent arriver à destination… avec un certain retard. (…)
Georges Brunel”
Le lien pour lire en ligne le recueil des années 1922 et 1923 du Timbre-poste : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5859599z/f23.item
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Long cordage qu’on laisse traîner sur le sol depuis la nacelle d’un ballon pour freiner, horizontalement et verticalement, le ballon lors de sa descente ou pour lui permettre de conserver une altitude relativement constante.
Merci pour vos retours, qui font plaisir à lire. Et nous espérons en effet réussir à susciter de nouvelles vocations !
Merci pour ces récits passionnants.