Les papillons de Metz : la naissance de la poste aérienne
Newsletter de la maison Calves #55
Il n’existe pas de meilleur moyen de parfaire sa culture philatélique qu’en se plongeant dans la lecture de la presse et des publications anciennes, dans lesquelles se trouvent quantité d’informations précieuses et érudites.
C’est la raison pour laquelle nous republions chaque semaine une pépite issue de la littérature et que nous la partageons avec vous via notre newsletter.
Si cet article vous intéresse, n’hésitez pas à le commenter, à le “liker” ou, mieux encore, à le transférer à d’autres philatélistes ou à le partager sur vos réseaux.
Notre newsletter a également vocation à vous tenir informés de nos actualités, telles que les dates de nos ventes flashs ou nos participations à des salons, mais aussi à vous donner des “trucs d’expert”. Lisez-la régulièrement pour ne rien manquer !
Actualités de la maison Calves
Donnez-nous votre avis — il est encore temps !
Participez à notre sondage pour nous aider à mieux vous connaître, mieux comprendre vos habitudes de collectionneur, et faire évoluer notre newsletter afin qu’elle vous corresponde encore davantage.
En remerciement, vous recevrez un code de réduction de 10 %, valable jusqu’au 31 mai 2025 sur tous les timbres en vente sur notre site — y compris ceux de notre vente flash en cours !
Et ensuite ? Nous partagerons les résultats dans notre newsletter début juin, une fois l’enquête terminée.
En vente dans notre vente flash :
Taxe n°22 - 1 f. noir - neuf* - signé Calves, Brun et Scheller et avec certificat Calves - 245 euros
Guinée - n°57Aa à 62Aa - chiffres espacés tenant à normal - neufs* - TB - signés Calves - 195 euros
Diego-Suarez - n° 7 - NSG - signé et avec certificat Calves - 195 euros
Les papillons de Metz : la naissance de la poste aérienne
Saviez-vous que la poste par ballon n’a pas été inventée à Paris, mais à Metz ? Quelques semaines avant le siège de la capitale par les troupes prussiennes, Metz a elle aussi été encerclée et a dû, elle aussi, trouver un moyen de communiquer avec l’extérieur. La solution retenue fut étonnamment proche de celle que Paris adoptera ensuite : faire s’envoler des ballons porteurs de lettres. À une différence près toutefois — et de taille : tous les ballons messins étaient libres, c’est-à-dire sans aérostiers à bord pour les piloter. De cette tentative audacieuse nous sont parvenus quelques précieux témoignages : les « papillons de Metz ». Contrairement aux plis parisiens, ces documents sont dépourvus de timbre et, dans la majorité des cas, de cachets de départ et d’arrivée. Pour vous aider à mieux les comprendre, nous republions cette semaine un article que Didier Darteyre avait consacré au sujet dans La Quinzaine philatélique de mars 1947. Bonne lecture !
“Le 16 août 1870 marque la date d'encerclement total de la forteresse de Metz par les Allemands, état de choses qui devait amener le commandement de la garnison assiégée à tout tenter pour renseigner le gouvernement et le pays sur la situation de la ville et ses possibilités de résistance.

Privé par le blocus de tout moyen ordinaire de communiquer avec l'extérieur, le maréchal Bazaine, conseillé par le docteur Jeannel, pharmacien-major - qui s'était livré à d'intéressantes expériences - songea à utiliser la voie des airs en recourant à l'emploi de ballons en papier de soie, gonflés au gaz d'éclairage et auxquels seraient attachés des paquets renfermant le courrier des assiégés et divers plis officiels (…).

L'avis suivant fut donc affiché sur les murs de Metz.
« Les habitants de la ville qui veulent profiter de la poste par ballon doivent écrire leurs lettres sur du papier de soie (adresse d'un côté, la correspondance de l'autre) dont les dimensions ne peuvent excéder 10 cm. sur 5. Toutes les lettres seront censurées et celles qui ne rempliront pas les conditions prescrites ou qui contiendront autre chose que des nouvelles strictement personnelles seront rejetées. Un spécimen officiel de la lettre autorisée est mis à la disposition du public au bureau central à la Mairie ».
Comme on le voit, les dimensions prévues étaient des plus réduites, de manière à permettre le transport de nombreuses correspondances sans alourdir le ballon transporteur, d'où le nom de « papillons » sous lequel ils sont couramment désignés.
Les ballonnets conçus par M. Jeannel, qui assura l'envol de quatorze d'entre eux, tandis que le Génie Militaire en faisait partir trente, mesuraient de 1 à 5 mètres de diamètre. Ils étaient faits d'un papier de double épaisseur, préalablement huilé, et certains étaient protégés à l'aide d'un filet de chanvre auquel était suspendu soit un petit panier, soit un sac, soit encore un simple paquet ficelé renfermant le courrier des assiégés soucieux de communiquer avec ceux des leurs demeurés en territoire non envahi ou à l'étranger. Une étiquette invitait les personnes qui trouveraient le ballon à déposer les paquets de correspondances au bureau de poste le plus proche.
Les plis ainsi transportés n'étaient pas affranchis au départ et ne portaient aucune indication de la date d'expédition. Remis aux administrations postales étaient réexpédiés sans taxe par ces dernières (sauf ceux qui étaient destinés à l'étranger) et tels qu'ils avaient été trouvés.

Cependant, plusieurs grands bureaux les réexpédièrent avec la mention manuscrite « Poste aérostatique » ou « Dépêche aérostatique » accompagnée ou non de l'indication : « Armée du Rhin », parfois sous enveloppe commerciale. Quelques-uns furent en outre frappés de la griffe P.P. encadrée, confirmant la franchise postale dont ils bénéficiaient.
Ces « papillons » ne portent donc jamais de timbres ni de cachet de départ mais un certain nombre d'entre eux - une faible minorité - portent un cachet d'arrivée.

Le premier ballon quitta la ville assiégée le 5 septembre 1870 et le dernier - le 44e - le 26 octobre suivant. La moitié seulement parvint en zone libre, car les Allemands en abattirent un assez grand nombre, tandis que d'autres, dérivés par le vent, tombaient en territoire suisse ou luxembourgeois, voire en pays ennemi.
Signalons que le quinzième ballon qui, parti de Metz le 16 novembre, transportait huit paquets renfermant 5.000 « papillons » tomba dans les environs de Neufchâteau, petite bourgade du département des Vosges située à environ 100 kilomètres de la citadelle investie. Le receveur des postes de la localité apposa alors le cachet de son bureau sur toutes les correspondances, ainsi que sur les enveloppes destinées à la réexpédition. Ce sont les seuls messages partis de Metz que l'on connaisse munis du cachet postal du lieu d'atterrissage. : oblitération circulaire à date portant les indications 82 - 17 sept. 70.

Les « papillons » de Metz constituent des raretés du premier ordre surtout ceux qui portent un cachet d'arrivée soit en France, soit à l'étranger, soit encore avec l'oblitération de Neufchâteau. On n'en connaît, en effet, que des quantités extrêmement réduites, en dépit du grand nombre d'exemplaires confiés à la voie des airs, et qui tombèrent en zone non occupée. Mais la fragilité du papier employé, le format très petit des plis et la lente mais impitoyable action du temps expliquent cet état de choses, cela donne aujourd'hui aux pièces existantes, miraculeusement échappées à la destruction, une valeur très grande.
La reddition de la puissante forteresse par le maréchal Bazaine, mit fin à l'emploi des ballons du docteur Jeannel et marqua la disparition d'un des premiers services de poste aérienne que le monde ait connus et dont l'évocation est aujourd'hui des plus poignantes.
Didier Darteyre”
Egalement dans notre vente flash :
Dahomey - n°18 à 32 - série complète - neufs* - TB - signatures Calves
N°70 - Type Sage - 40 c. rouge-orange - neuf* - signé Brun et avec certificat Calves - 175 euros
Sénégal - n° 7 - neuf* - TB - signé et avec certificat Calves - 150 euros
Madagascar - n°48a à 50a - surcharges renversées - neufs* - TB - signés Calves - 135 euros
N°YT 482a - surcharge renversée - neuf* - TB - signé et avec certificat Calves - 100 euros
Merci
Toujours très intéressant