L'histoire du premier timbre français : le Cérès 20 centimes noir
Newsletter de la maison Calves #20
En tant qu’experts, nous sommes régulièrement sollicités pour authentifier des pièces d’exception - des timbres qui, en raison de leur niveau de rareté, ne peuvent se vendre qu’accompagnés de certificats d’experts reconnus.
C’est ainsi que la maison suisse David Feldman a fait appel à nous pour expertiser certains des timbres de sa prochaine vente aux enchères - une vente dans laquelle se trouvent certaines des pièces les plus prestigieuses de la collection de timbres de France.
Le catalogue de cette vente, qui se tiendra du 17 au 22 juin prochains à Genève, est en ligne : découvrez-le sur le site de la maison Feldman.
En attendant cet événement, nous vous proposons de découvrir l’histoire (souvent passionnante) qui se cache derrière quelques pièces emblématiques. La semaine dernière, nous vous avons présenté une lettre spectaculaire présentant un tête-bêche du Un franc rouge-brun (YT n°6A). Aujourd’hui, nous poursuivons notre tour d’horizon avec une lettre datée du 1er janvier 1849, date du premier jour d’émission des timbres en France.
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L'histoire du premier timbre français : le Cérès 20 centimes noir
L’administration française met dix ans à suivre l’exemple des Britanniques qui, dès le 1er mai 1840, émettent le premier timbre-poste au monde, le célèbre “Penny Black”, à l’effigie de la reine Victoria. En France, en effet, ce n’est que le 24 août 1848 que l’assemblée nationale vote le décret établissant l’émission de timbres, et que le 1er janvier 1849 que le timbre-poste fait finalement son apparition dans l’Hexagone. Il est de couleur noire, comme son grand frère britannique, mais, la France n’étant pas une monarchie, il porte l’effigie d’une République qui, à cette occasion, a pris les traits de Cérès, la déesse des moissons.
L’événement, il faut l’avouer, ne déchaîne pas immédiatement l’enthousiasme des foules. Les Français, en effet, jugent l’initiative de la Poste de la dernière inconvenance. Selon les règles de courtoisie de l’époque, il revient en effet non pas à l’expéditeur, mais au destinataire, d’acquitter l’affranchissement… Utiliser un timbre revient donc à suggérer que l’on estime ce dernier incapable de payer une aussi petite somme. Par ailleurs, certains usagers se montrent méfiants : si une lettre porte un timbre, se demandent-ils, la poste ne mettra-t-elle pas moins de zèle à trouver le destinataire, puisqu’elle n’aura pas à recouvrer d’argent auprès de lui ?
Dans ce contexte, il n’est pas exagéré de dire que le timbre-poste connaît en France un démarrage en douceur. Fin 1849, ce ne sont que 10 % des lettres qui sont expédiées avec un timbre et il faut attendre 1859 pour que la proportion s’inverse, avec 85 % de lettres affranchies. Quant au “20 centimes noir”, il disparaît des bureaux bien avant cette date, en octobre 1850. Pourquoi si tôt ? Tout simplement parce que la Poste s’est avisée que des usagers indélicats réutilisaient des exemplaires ayant déjà servi, la couleur noire du timbre rendant peu visibles les oblitérations.
Aujourd’hui, en tant que tout premier français, le “20 centimes noir” tient une place à part dans le coeur des collectionneurs. Avec un tirage de 41 698 800 unités (dont 31 000 000 effectivement vendues), il n’est pas devenu rare en tant que tel, mais de très nombreux philatélistes tiennent à en posséder au moins un exemplaire - ne serait-ce que pour l’émotion de le tenir entre leurs mains. Par ailleurs, il existe quelques pièces de prestige qui font s’envoler les prix... au premier rang les lettres porteuses d’oblitérations utilisées dans les premiers mois de l’année 1849.
En effet, si l’administration a tout prévu pour l’impression des timbres, il n’en est pas de même des procédés d’oblitération. Ainsi, la grille réglementaire n’apparaît dans les bureaux de poste à Paris que le 10 janvier, et plus tard encore en Province (quelques bureaux, en Creuse notamment, ne la reçoivent qu’en mars). Dans l’intervalle, plusieurs cas sont possibles : des timbres annulés par un cachet-dateur, un trait de plume, une “cursive” (c’est-à-dire un cachet portant le nom du bureau en écriture cursive), des oblitérations de fortune (c’est-à-dire réalisées avec ce qui tombait sous la main des employés des postes), ou encore plusieurs de ces moyens simultanément.
Parmi ces multiples possibilités, les pièces parmi les plus recherchées sont celles portant une oblitération du tout premier jour d’utilisation des timbres en France, à savoir le 1er janvier 1849. Celle que nous vous présentons dans cet article est particulièrement intéressante pour plusieurs raisons : d’une part, parce que l’oblitération utilisée est le rare cachet au type 13, d’autre part en raison de sa qualité générale (timbre avec 4 marges égales et cachet bien frappé)… et enfin parce qu’il s’agit du seul premier jour connu du 20 c. noir originaire de la Côte d’or.
A lire :
Ce jour-là naît le premier timbre de France : le 20 c. Cérès noir, Minelle Verdié, Timbroscopie n°7, 1984.
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La maison Calves est le cabinet de référence en France pour l’expertise des timbres de collection. Depuis plus de 50 ans, c'est à nous que les professionnels de la philatélie (négociants et maisons de vente) font appel pour établir l'authenticité de leurs timbres. Cette spécificité fait que nous sommes parmi les plus qualifiés en France aujourd'hui pour juger de l’intérêt d’une collection (nous avons une connaissance à 360 degrés des spécialités philatéliques, y compris les plus pointues : marques postales, timbres de la Libération, guerre de 1870, etc.) ; estimer sa valeur réelle (nous suivons au plus près les résultats des ventes et l'évolution des cours) ; vous orienter vers un professionnel pour la vendre (sur le marché français, nous les connaissons presque tous et travaillons avec la majorité d'entre eux). Nous sommes à votre disposition pour vous conseiller, si vous souhaitez vendre tout ou partie de votre collection ou des timbres à la pièce.
marci beaucoup
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Merci de vos posts toujours passionnants et bien écrits 🥰 J'aime cette alliance entre tradition philatélique et communication moderne de qualité. Encore bravo !