Pourquoi les timbres classiques du Japon sont-ils (presque) toujours faux ?
Newsletter de la maison Calves #49
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Actualités de la maison Calves :
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Nous avons le plaisir d’accueillir Gérald Imbert, en tant que chargé d’affaires au sein de la maison Calves. Philatéliste senior, Gérald a occupé le poste de représentant France chez David Feldman SA, l’une des plus principales maisons de vente aux enchères suisse. Il occupe également actuellement le poste de chargé d’affaires au sein du Timbre Classique, principale maison française de vente aux enchères de timbres.
Gérald Imbert sera désormais votre interlocuteur privilégié au sein de la maison Calves pour vous conseiller et vous accompagner dans la vente de votre collection. Grâce à sa connaissance approfondie du marché philatélique, il vous aidera à obtenir les meilleures conditions, que ce soit en achat immédiat ou mise en vente aux enchères. Vous souhaitez vendre vos timbres et bénéficier de son expertise ? Contactez-le dès à présent via ce formulaire. Il vous répondra rapidement par mail ou par téléphone.
Pourquoi les timbres classiques du Japon sont-ils (presque) toujours faux ?
Le titre de notre article est volontairement provocateur, mais il reflète la réalité : le marché des timbres classiques du Japon est un véritable champ de mines. Si vous tombez sur l’un de ces timbres au hasard d’une collection – par exemple, en feuilletant un vieil album Maury –, les chances qu’il soit authentique sont infimes. En effet, dès la fin du XIXe siècle, ces timbres ont fait l’objet de contrefaçons à grande échelle, inondant le marché de copies parfois difficiles à détecter. Pourquoi un tel phénomène ? C’est ce que nous explique E.-A. Mortimer dans la 10e édition des Études philatéliques et annales internationales de la timbrologie Bonne lecture !
“Le problème que pose aux philatélistes la recherche des anciennes valeurs du Japon est extrêmement complexe et, il faut le dire, parfois assez rebutant. Aussi, n'a-t-il été jusqu'à présent accessible - en dehors de rares personnalités japonaises - qu'à un petit noyau d'Européens ou d'Américains fixés depuis longtemps dans ce pays (…).
Aussi, croyons-nous utile, pour poser exactement le problème, de rappeler ce qu'était le Japon au début de la philatélie et jusqu'au règne de l'empereur Mutsuhito. Ce pays était sous un régime féodal qui paraissait appelé à durer longtemps encore. Les couches sociales. sans aucun lien entre elles, montraient une minorité extrêmement réduite mais d'une puissance souveraine ; puis la classe que formaient alors les professions libérales (médecins, juristes, professeurs, artistes. etc.) et enfin le peuple, à qui de dures conditions de travail étaient imposées et qui, maintenu dans l'ignorance et des croyances qui l'amenaient à considérer son sort comme des plus justes (…). Le Japon vivait complètement isolé du reste du monde et ce n'est que peu avant la guerre entreprise en 1895 contre la Chine, à qui il arracha Formose, qu'il est possible de situer le début d'une évolution (…)

C'est alors que certains artisans qui, jusque-là, était demeurés fermés aux collections quelles qu'elles fussent, se lancèrent avec ardeur dans la fabrication des « antiquités » qui, si elles laissaient indifférents les « gens du pays », trouvaient chaque jour plus d'acquéreurs parmi les voyageurs étrangers ou les occidentaux établis depuis peu au Japon - Américains, Anglais, Français, Hollandais, Allemands, Portugais - qui disposaient de larges ressources et faisaient montre, dans leurs « découvertes de choses anciennes », d'un optimisme et d'une candeur encore plus larges. C'est ainsi que d'innombrables estampes, porcelaines, bronzes - copiés ou conçus, mais réalisés avec un réel sens artistique - prirent le chemin de l'Europe ou des Amériques, en voisinant parfois avec de véritables trésors de date plus ancienne. Aussi, les timbres-poste ne devaient pas tarder à susciter de nouvelles vocations, toujours en vue d'opérations rapides et rémunératrices, ce qui était une forme un peu spéciale de la philatélie ! Et l’on peut affirmer que c'était alors la seule manifestation d' « activité timbrophile » que le Japon connut.
Les valeurs des premières émissions, outre qu'elles n'intéressaient qu'une infime minorité d'amateurs, étaient devenues rares dans le pays et les archives, qui eussent permis des découvertes captivantes, étaient au surplus fort réduites (…). Mais la raréfection des timbres anciens était surtout due à ce que, depuis un demi-siècle, les occidentaux établis ou de passage dans le pays avaient pour ainsi dire tout acheté dans une contrée où le mot « philatélie » n'avait en quelque sorte aucun sens et où le timbre - même pour les administrations postales - n'avait qu'une valeur d' « exportation », ce qui explique pourquoi des feuilles entières, provenant, pour la plupart, d'archives officielles, existent encore de nos jours en Europe et outre-Atlantique. (…)

Pour en revenir aux « fructueux » achats effectués au Japon par les occidentaux, disons que (…) les artisans nippons industrialisèrent littéralement la production d'innombrables falsifications, aujourd'hui mille fois plus nombreuses que les originaux, ce qui a, de tout temps, créé un profond malaise en rendant méfiants, à juste titre, les philatélistes de tout pays. Et cela d'autant plus que beaucoup de ces imitations furent tirées sur le même papier indigène que celui utilisé par les administrations postales.
Les « artistes » japonais, précurseurs du trop fameux de Sperati, tiraient profit de ce que les lois japonaises permettaient la falsification, sous toutes ses formes, des timbres-poste. Etat de choses paradoxal qui faisait que le premier venu pouvait émettre des faux sans être faussaire, même s'il s'agissait de valeurs ayant toujours cours dans le pays. En effet (…), les artistes japonais signaient leurs productions dans le cadre même du timbre imité ou y ajoutaient les mots Mozo, Sanko ou Mihon, qui se traduisent par fac-similé, contrefaçon ou reproduction, ce qui leur permettait d'être entièrement couverts vis-à-vis des acquéreurs car, en cas de réclamation - et il y en eut - ils rétorquaient que leurs timbres étaient bien des copies et que cela était précisé sur les vignettes, voire même dans les cachets oblitérants portant parfois le mot « mozo » en caractères plus ou moins microscopiques.


Ainsi, les mots mozo, sanko ou mihon, compris par les Japonais, ne l’étaient pas, en général, par les Européens ou les Américains, ignorant la langue. du pays, et c'était là le facteur essentiel qui aidait à tromper l'acheteur sans paraître l'avoir voulu. Des milliers d'étrangers, parmi lesquels une majorité de navigateurs de toute nationalité, qui ne faisaient que de très courtes escales dans les ports nippons, ont donc contribué à introduire en Europe ou en Amérique quelques milliers de ces « collections complètes du Japon » destinées aux touristes étrangers et que tous les philatélistes d'aujourd'hui ont eu l'occasion d'examiner. Il s'agissait le plus souvent d'une grande feuille, pliée en quatre et portant, collées dans des cases semblables à celles des albums en usage chez les Occidentaux, toutes les vignettes du Japon, depuis le numéro 1 jusques et y compris les premières valeurs à effigie qui, elles, étaient originales, mais alors sans aucune valeur. Entre deux drapeaux japonais, on lit, en anglais : « Collection des timbres anciens du Japon », mais le texte japonais, situé au-dessus ou au-dessous, est : « Collection de timbres anciens facsimilés du Japon », tandis que toutes les premières valeurs portent, dans le corps même du dessin, en caractères chinois ou nippons, les mots « imitation » ou « fac-similé » ! Et comme aucun marin ou voyageur étranger ne savait lire d'autre texte que l'anglais, le tour était joué, et c’était autant de gagné pour l' « éditeur » et le vendeur qui, le plus légalement du monde, avaient vendu les timbres comme faux, car c'était indiqué en toutes lettres dans la langue nippone et rien ne les contraignaient à le préciser dans une autre langue !

En général, ces « collections de copies » apparaissent aujourd'hui peu dangereuses, soit que les pièces qui les constituent ne se présentent qu’à un seul type - alors qu'il en est des centaines, chaque timbre d'une même planche présentant des variantes - soit que, lithographiés, leur aspect laisse beaucoup à désirer. Le tirage est, en effet, empâté et, par suite, les détails mal venus, sans aucun relief ni trace de foulage. Mais le problème, considéré dans son ensemble, est infiniment plus complexe, car en dehors de ces faux faits au Japon, il en existe d'autres, fabriqués également dans le pays, et qui, venus plus tard, sont plus difficiles à déceler parce que tirés en plusieurs types, sur le même papier que les originaux. Il y a aussi les oblitérations fausses - avec ou sans le mot « mozo » - le grattage des mots fac-similé ou imitation, dont les traces se trouvent souvent dissimulées sous une oblitération fausse, soit au type bouchon, soit au type cercle à cadre extérieur très épais. Enfin, il existe aussi des faux occidentaux, mieux réussis et des spécimens aux types « dragon » et suivants, provenant de restants de stocks ou de travaux de réimpression faits officiellement sur les planches originales et qui ont donné lieu à des grattages du mot spécimen en caractères japonais minuscules. (…)”
Pour aller plus lois dans la compréhension des timbres classiques japonais, nous vous recommandons ces deux sites (en anglais) : The International Society for Japanese Philately et Japanstamps.org
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Passionnant ! Je vais avoir un nouveau regard sur ma collection de timbres de ce pays. :)
Merci encore. J'ai quelques timbres japonais....que j'espère authentiques !!!