Le 7 novembre prochain, à l’occasion du Salon philatélique d’automne, la Poste française rendra hommage à Roger Calves (1921-2009), le fondateur de la maison Calves, en émettant un timbre à son effigie. Aujourd’hui encore, le nom de Roger Calves est connu de tous les philatélistes français, car il est rare qu’une collection ne comporte pas au moins un timbre portant sa signature. Selon une estimation prudente d’Alain Jacquart, qui fut son élève et est actuellement l’un des experts de notre maison, ce sont pas moins de quatre millions de timbres que Roger Calves aurait signés au cours de sa carrière.
Roger Calves a laissé de vifs souvenirs aux négociants et philatélistes qui ont eu la chance de le côtoyer. Il était connu pour son œil exceptionnel, sa mémoire prodigieuse et son sens de l'humour acéré. Pour raviver ces souvenirs et faire découvrir cette figure emblématique à ceux qui ne l'ont pas connue, notamment parmi la jeune génération de philatélistes, nous vous proposons un article hommage retraçant l’ensemble de son parcours. Nous espérons qu'il contribuera à entretenir la mémoire d’une personnalité hors normes, ayant profondément marqué la philatélie française. Bonne lecture !
Gagnez le timbre qui fait rêver tous les collectionneurs, le "Un Franc Vermillon" !
Pour célébrer l'émission par la Poste française du timbre à l'effigie de Roger Calves, nous avons le plaisir de vous inviter à participer un jeu-concours exceptionnel !
Tentez votre chance pour remporter le Un Franc Vermillon, un des timbres les plus rares de France, coté 22 000 euros par le catalogue Yvert et Tellier. Pour participer, rien de plus simple : il vous suffit d'entrer vos coordonnées postales et votre adresse e-mail avant 9 novembre 2024.
Ne manquez pas cette opportunité unique, offerte par la maison Calves et la maison de vente aux enchères David Feldman !
Roger Calves : profession, expert
C’est à une lettre volée que Roger Calves doit sa carrière dans la philatélie. Jeune lycéen, en effet, il n’a qu’une passion : la marine. Au point d'écrire au proviseur de son lycée pour lui demander de l'aider à entrer dans la classe préparatoire à l'Ecole Navale. Le proviseur répond. Il l'aidera, car Roger est bon élève. Hélas ! La lettre n'arrivera jamais car, au passage, le père de Roger, qui n'aime pas la mer, a subtilisé la missive… Il ne le dira à son fils que dix ans plus tard. Entre-temps, toutefois, Roger Calves a dû trouver un emploi… et c’est à cette occasion qu’il prend contact avec le monde du timbre : il devient auxiliaire aux PTT, à Paris en 1941.
Premiers pas dans la philatélie
Deux ans plus tard, en 1943, sa vie prend un tournant décisif lorsqu'il croise le chemin d'Aimé Brun, l’expert philatélique de renommée mondiale du Palais-Royal. Aimé Brun devient non seulement son mentor, mais aussi une figure paternelle qui l'initie aux subtilités du métier. « Je ne dirai jamais assez ce que je lui dois. Il m'a tout appris. D'abord, le travail. Ensuite, la connaissance mais aussi le «sens» du timbre, une sorte de sensibilité, d'intuition qui, à nous autres experts, nous permet de séparer, parfois au premier regard, le bon grain de l'ivraie. » (Roger Calves, Timbroscopie n°2, 1984).
Grâce à son sens de l’observation pointu et à sa mémoire exceptionnelle, Roger Calves gagne la confiance d'Aimé Brun. Il travaille à ses côtés jusqu'à son décès, en août 1969, tout en se faisant son propre nom en tant qu’expert. En 1964, à l'exposition philatélique internationale Philatec, il rejoint la section « Experts et expertises » présidée par Ladislas Varga de la maison Théodore Champion et Léon Dubus. Le 20 juin 1965, il est élu membre titulaire de l'Académie de philatélie.
Parmi les enseignements d’Aimé Brun, il en est un que Roger Calves aimait particulièrement rappeler : « Il m'a appris à ne jamais étudier les faux. Il peut y avoir des centaines de faux alors qu'il n'existe qu'un seul original auquel il faut se consacrer entièrement. » (Roger Calves, Le Monde des philatélistes n°425, 1988).
Une carrière au sommet
Dès les années 1960, les plus grands collectionneurs consultent Roger Calves. Parmi eux : Joseph Schatzkes, Michel Liphschutz, Paul Pannetier, Léon Dubus, Roger Lœuillet, Gilbert Noël, etc. Il conseille également Jacqueline Caurat, la talentueuse animatrice de Télé philatélie, et collabore à l'élaboration de plusieurs catalogues philatéliques : Yvert et Tellier, en 1975 et en 1982, puis Cérès.
En 1975, il préside avec Léon Dubus la section expertise d'Arphila. Il participe avec Robineau, père et fils, à l'expertise des collections de Joseph Schatzkes lors des ventes de 1976 et de 1978. Aux expositions Philexfrance de 1982 et de 1989, il est vice-président de la section « Commerce philatélique ».
Au cours de sa carrière, il est expert en de multiples circonstances : auprès de l'administration des Douanes, de la Fédération des sociétés philatéliques françaises, dans de nombreuses expositions philatéliques, auprès du Crédit municipal de Paris, pour le musée de La Poste de Paris, dans les ventes de l'hôtel Drouot et enfin, expert fédéral en Allemagne (Bundesprüfer).
Il accède à la présidence de la CNEP (Chambre syndicale des experts et négociants en philatélie) de 1991 à 1998, après en avoir été longtemps le vice-président, et est également vice-président de PhilexFrance 99.
L’une des plus belles pièce qu’il aimait à se rappeler avoir expertisée ? La célèbre lettre “de Bordeaux”. Envoyée de Port-Louis le 4 octobre 1847, cette lettre réunit côte à côte, intacts, deux timbres mauriciens mythiques : le Red One Penny Post Office et le Blue Two Pence Post Office.
L’expert au quotidien
Pour l’expertise, Roger Calves se reposait sur une « acuité visuelle plus développée que la moyenne » (Timbroscopie n°2, 1984), une méthode de travail unique (il travaillait presque sans référence, grâce à sa mémoire prodigieuse) et le même matériel qu’utilise encore aujourd’hui la maison Calves : un flacon de benzine pour examiner la réaction du papier, un microscope, un filigranoscope, une lampe à ultra-violets, et enfin une loupe binoculaire grossissant quarante fois.
Une de ses plus grandes fiertés ? Celle d’avoir mis au point un code de signature (toujours utilisé par la maison Calves aujourd’hui). Le principe est le suivant : lorsque la signature Calves est apposée au dos d'un timbre, son emplacement fournit des informations essentielles sur l'état du timbre tel qu'il a été constaté le jour de l'expertise (neuf**, neuf*, neuf sans gomme ou oblitéré ; surchargé ou non surchargé ; avec défauts ou sans défauts, etc). Cette méthode empêche toute tentative de falsification. Un "neuf sans gomme" ne peut être ensuite regommé, un "non surchargé" ne peut recevoir une surcharge fausse qui en augmenterait la valeur, etc.
Contrairement à nombre de ses confrères, Roger Calves n’était pas lui-même collectionneur, ce qui lui permettait de plaisanter : « Je ne suis pas vraiment philatéliste et, comme je ne vois en général que des pièces rares ou à problèmes, je connais assez mal les timbres courants ! » (Timbroscopie n°2, 1984). Il avait en revanche d’autres passions : l'expertise des pierres précieuses, les meubles du dix-huitième siècle, la natation, l'équitation... et la danse, qu'il pratiquait assidûment. Il n’était d’ailleurs pas rare de le voir exécuter quelques pas sur les chansons de Dany Brillant, dans son cabinet du 8, rue Drouot à Paris.
Aux philatélistes et apprentis experts qui lui demandaient de les aiguiller, il répondait ceci : « Mieux vaut regarder à la loupe une petite portion d'un timbre que la totalité. On voit mieux les pigments, le papier, on juge mieux » (Timbroscopie n°2, 1984). Et surtout, il leur donnait ce conseil, qui garde toute son actualité aujourd’hui : « travailler beaucoup » !
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Merci et bravo
Calves, une référence en Philatelie !
J'ai eu la chance de rencontrer M. Roger Calves lors d'un salon au Parc Floral à Paris.
Une personne très sympathique qui a répondu à mes questions et à examiner mes quelques timbres. Ses conseils ont été précieux pour moi.
Il restera une référence incontestable dans notre passion. Merci !