Savoir reconnaître un bleu de Prusse + Les timbres dits "du choléra"
Newsletter de la maison Calves #4
Il n’existe pas de meilleur moyen de parfaire sa culture philatélique qu’en se plongeant dans la lecture de la presse et des publications anciennes, dans lesquelles se trouvent quantité d’informations précieuses et érudites.
C’est la raison pour laquelle nous republions chaque semaine une pépite issue de la presse ancienne et que nous la partageons avec vous via notre newsletter.
Si cet article vous intéresse, n’hésitez pas à le commenter, à le “liker” ou, mieux encore, à le transférer à d’autres philatélistes ou à le partager sur vos réseaux.
Notre newsletter a également vocation à vous tenir informés de nos actualités, telles que les dates de nos ventes flashs ou nos participations à des salons, mais aussi à vous donner des “trucs d’expert” (tels que ceux de cette semaine concernant le bleu de Prusse). Lisez-la régulièrement pour ne rien manquer !
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L’article de la semaine : “La fin d’une légende : les timbres perforés dits du choléra”
Peut-être avez-vous déjà rencontré des timbres avec des perforations en forme d’étoiles ou de triangles… et vous êtes vous interrogés sur l’origine de cette bizarrerie. Eh bien sachez qu’il y a cent ans, tous les philatélistes se posaient la même question, jusqu’à ce que Gaston Tournier, rédacteur en chef du Messager philatélique, leur apporte une réponse dans le numéro du 25 novembre 1928. C’est son article que nous avons choisi de partager cette semaine - article qui a également pour intérêt de mettre fin à une légende étonnante selon laquelle ces timbres auraient eu pour raison d’être… de lutter contre les épidémies de choléra.
“Je me souviens avoir vu, peu de temps après la guerre, à la vitrine de l'étroite boutique d'un marchand de timbres des quais, une pancarte sur laquelle on pouvait lire ces mots : GRAND CHOIX DE TIMBRES DU CHOLERA AUTHENTICITE GARANTIE.
J'avoue m'y être laissé prendre. Depuis ma jeunesse, en effet, j'avais entendu parler de ces fameux timbres et j'éprouvais le vif désir, sinon d'en posséder, du moins de recueillir quelques renseignements sur leur compte.
Le marchand, ayant extrait d'un classeur quelques figurines au type « groupe allégorique », perforées en forme de triangle, se mit volontiers en devoir de satisfaire ma curiosité :
« Vous savez que le choléra, m'expliqua-t-il d'un ton doctoral, se transmet principalement par la salive (…). Les timbres constituent donc, en temps d'épidémie, des agents de transmission particulièrement actifs. Durant la grande épidémie qui dévasta la France (?), on eût donc l'idée de détruire ces microbes en perforant les timbres (et par suite les enveloppes et les lettres) de manière à pouvoir procéder plus facilement à leur désinfection à l'aide de «gaz antiseptiques» (?).
- Je croyais que le microbe du choléra, rétorquais-je timidement, ne résistait pas à une température dépassant 60 degrés ? Dans ce cas, un simple passage à l'étuve…
Mais mon homme avait réponse à tout :
- Dans ce temps-là, dit-il simplement, les microbes étaient sans doute beaucoup plus résistants que de nos jours. Par surcroît de précaution, on conseillait en outre de brûler, aussitôt lues, les lettres ainsi perforées. C'est ce qui explique la rareté de ces timbres et la raison pour laquelle on ne les rencontre pas sur pièces entières.
- Et ces perforations valent combien ?
- Cela dépend. Sur le 15 cent. bleu, 5 fr., mais sur les valeurs peu courantes, les prix sont naturellement plus élevés.
Quoique peu convaincu, je me laissais aller à acheter un exemplaire que je conservais longtemps dans mon portefeuille. Ce timbre, je l'ai en effet montré, durant des années, à une multitude de collectionneurs. Certains me disaient ne point le connaître, d'autres l'avoir déjà rencontré sans pouvoir expliquer sa perforation. D'aucuns se contentaient de me répondre laconiquement :
- Ça ? C'est un timbre du choléra.
Mais leur affirmation n'était jamais suivie d'aucune explication. Entre temps, cependant, j'étais parvenu à rassembler non seulement plusieurs valeurs perforées du fameux triangle, mais encore toute une collection d'autres perforations similaires datant de la même époque, certaines même sur pièces entières. J'acquis ainsi la certitude : 1° que chaque type de perforation avait été employé dans la même ville, 2° que le timbre seul avait été perforé, 3° que ces perforations avaient été pratiquées dès 1877 (donc bien après l'épidémie de choléra de 1865 et avant celle de 1884).
Dès lors, toute idée de perforation « sanitaire » devait être écartée et les recherches orientées du côté purement commercial et privé. C'est ainsi que j'eus bien vite la certitude que ces perforations n'étaient que les ancêtres des lettres perforées rencontrées encore sur de nombreux timbres et par conséquent de simples marques de contrôle employées par certaines maisons de commerce pour éviter l'emploi frauduleux des vignettes postales nécessaires à l'affranchissement de leur courrier.
La vérité, une fois de plus, avait eu raison de la légende.
La perforation en forme de triangle (fig. 1), qui se rencontre sur tous les timbres des émissions de 1876-77 et 1877-80 est, sinon la plus commune, du moins la plus connue. Je l'ai vue employée dès 1877 et jusqu'en 1882. Ne possédant pas d'exemplaire sur lettre, je désespérais de découvrir le nom de la maison qui l'avait créée lorsque l'érudit philatéliste qui a nom Francis Doé vint fort à propos m'apporter le précieux appoint de sa science. Cette perforation serait en effet la marque de contrôle du Crédit Lyonnais de Grenoble. Je l'ai cependant vue sur des timbres portant l'oblitération de Marseille et de Chalon-sur-Saône, ce qui tendrait à prouver que cette marque n'était point particulière au bureau de Grenoble, mais qu'elle a dû être employée par toutes les succursales du Crédit Lyonnais.
La perforation en forme d'étoile à 5 branches (fig. 2), a été utilisée par la Société Lyonnaise de Dépôts, de Comptes Courants et de Crédit Industriel. On la trouve également sur tous les timbres des émissions de 1876-77 et de 1877-80, oblitérés des divers bureaux de Lyon (Gare de Lyon-Rhône, Lyon-Les Terreaux, etc...)
Il existe aussi une perforation en forme d'étoile à 6 branches dont j'ignore l'origine (fig. 3), ne l'ayant rencontrée que sur le 30 cent. brun clair (n° 69) et accompagnée d'une oblitération illisible. Je ne suis également pas parvenu à identifier la perforation en «lune» (fig. 4) remarquée sur le'15 cent. bleu (n° 90).
Mais de toutes ces perforations, la plus commune est certainement celle qui consiste en une ligne de petits trous. (fig. 5). On la trouve, en effet, sur tous les timbres des émissions de 1877 à 1906 inclus. Ce genre de perforation était en usage à l'Imprimerie et à la Librairie"Berger-Levrault, de Nancy. Dès leur achat, les timbres étaient envoyés à l'atelier-de reliure et de façonnage qui les perforait en travers à la machine, au moyen d'aiguilles écartées du double de leur éloignement normal pour les travaux ordinaires. Ce n'est qu'ensuite que les vignettes allaient au service de correspondance. Le but de cette manutention était le désir d'éviter le retour de vols importants de timbres qui s'étaient produits auparavant. Ce système prit fin en 1916, pour une question de matériel. La maison, par la suite, trouva d'ailleurs un procédé de contrôle plus pratique et plus efficace. Les perforations étaient au nombre de 6 sur chaque timbre. Pour les vignettes au type L. 0. Merson, ce nombre était porté à 12. (…)
En dehors de ces perforations énigmatiques, on en trouve de très nombreuses, mais plus récentes, qui reproduisent les initiales de firmes dont elles constituent la marque de contrôle. Ces perforations, qui affectent les timbres de presque tous les pays du monde, font la désolation des collectionneurs car les vignettes ainsi “amoindries”) sont jugées indignes de figurer dans un album sérieux. Aussi les marchands ne manquent-ils pas d'en garnir les lots composant les enveloppes à prix réduits. Faute de mieux, les collégiens s'en contentent. (…)
Gaston Tournier”
Le lien pour lire en ligne l’intégralité du numéro du 25 novembre 1928 du Messager philatélique : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96777476/f1.item
Savoir reconnaître un bleu de Prusse
Récemment nous a été posée cette question : est-ce que l’on peut se fier aux couleurs d’un scan pour déterminer si un timbre est ou non un bleu de Prusse ? Et voici la réponse que nous avons faite : non, ce n’est pas possible. Les scanners déforment systématiquement les couleurs des timbres.
En revanche, il existe un “truc” d’expert pour séparer le bon grain de l’ivraie, c’est-à-dire pour éliminer des n°83 qui, au premier abord, ont une couleur intéressante mais qui, en réalité, ne sont pas des bleus de Prusse.
Ce truc est le suivant : l’angle inférieur gauche des bleus de Prusse est toujours soit arrondi, soit brisé. Pourquoi ? Tout simplement parce que le bleu de Prusse a été émis en 1880 et que les “1 centime Sage” émis entre 1877 et 1885 sont tous porteurs de cette anomalie qui disparaît, en revanche, sur les timbres émis ultérieurement (entre 1888 et 1901), le dessin ayant été rectifié.
Résumons-nous : si vous êtes en présence d’un “1 centime Sage” et que celui-ci a le coin inférieur gauche intact (figure 3), il ne s’agit en aucun cas d’un bleu de Prusse. Mais si votre timbre a le coin inférieur gauche arrondi (figure 1) ou brisé (figure 2), alors il est possible pour que cela en soit un.
Autre “truc” d’expert : lorsqu’un timbre est un bleu de Prusse, il arrive fréquemment que la ligne d’encadrement transparaisse partiellement au verso, comme c’est le cas pour le timbre ci-dessous.

Notre conseil pour conclure : si vous avez un timbre possédant une jolie couleur indigo, un angle inférieur arrondi (ou brisé) ainsi qu’une ligne d’encadrement apparaissant au verso… alors nous vous conseillons de le faire expertiser. Il est possible que vous ayez une pépite entre les mains !
Nous remercions Elliot Yeung, de la maison Le Timbre classique, pour son aide dans la réalisation des visuels de cet article.
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Tout commence en 1943 avec Roger Calves, élève d’Aimé Brun - figure fondatrice de l’expertise philatélique moderne. Son exigence et son savoir-faire sont ensuite transmis à Christian Calves et Alain Jacquart, qui font aujourd’hui référence dans le monde philatélique.
➡️ En 2024, La Poste française rend hommage à cette histoire en émettant un timbre officiel à l’effigie de Roger Calves — un honneur rare, partagé par peu d’experts philatéliques.
Merci pour ces informations toujours passionnantes.
Maintenant il ne me reste plus qu'à touver la bonne couleur.
Les divers nuanciers ne donnent pas tous les mêmes couleurs ? Il est difficile de s'y retrouver et cela ne concerne pas uniquement des timbres français, bien évidemment. :)
Tres instructif en effet mais un passage de l'article m'interroge , en présence d'un bleu de prusse on parle bien d'une spécificité de l'angle inférieur "gauche" or dans le paragraphe intitulé " Résumons-nous" .... mentionne l'angle inférieur droit " Mais si votre timbre a le coin inférieur « droit » arrondi (figure 1) ou brisé (figure 2), alors il est possible pour que cela en soit un." N'y aurait t'il pas une erreur ou interpêtrai-je mal le sens de la phrase.