Détecter les faux Charles III, mode d’emploi
Newsletter de la maison Calves #72
Il n’existe pas de meilleur moyen de parfaire sa culture philatélique qu’en se plongeant dans la lecture de la presse et des publications anciennes, dans lesquelles se trouvent quantité d’informations précieuses et érudites.
C’est la raison pour laquelle nous republions chaque semaine une pépite issue de la littérature et que nous la partageons avec vous via notre newsletter.
Si cet article vous intéresse, n’hésitez pas à le commenter, à le “liker” ou, mieux encore, à le transférer à d’autres philatélistes ou à le partager sur vos réseaux.
Notre newsletter a également vocation à vous tenir informés de nos actualités, telles que les dates de nos ventes flashs ou nos participations à des salons, mais aussi à vous donner des “trucs d’expert”. Lisez-la régulièrement pour ne rien manquer !
Actualités de la maison Calves
Merci à toutes celles et ceux qui sont venus à notre rencontre sur le Salon philatélique d’automne ! L’événement a, comme chaque année, connu une forte affluence le premier jour, puis une fréquentation plus modérée mais satisfaisante jusqu’à la clôture. Conformément à notre annonce, nous avons procédé au tirage au sort de notre jeu-concours. La gagnante du bloc « Exposition philatélique internationale de Paris 1925 » est Aline Eriau, de Monteux, qui avait participé conjointement avec son époux. Lors de notre appel téléphonique, celui-ci nous a confié qu’ils faisaient partie du club philatélique de Sorgues, qu’ils collectionnaient la France et l’Allemagne, et qu’ils étaient ravis d’ajouter ce bloc à leur collection. Nous avons également le plaisir d’annoncer les cinq gagnants du bloc « Figures de la Résistance » (tirage limité à 8 000 exemplaires) : Patrick Nabot – Asnières-sur-Seine ; Alfred Kervegant – Saint-Brieuc ; Denis Vulcain – Cuges-les-Pins ; Bruno Dubosque – Lutterbach ; Patrice Bleich-Retivat – Bresse-sur-Grosne. Félicitations à toutes et à tous !
Dernières heures pour notre vente flash…
Quelques lots sont encore disponibles : ne tardez pas à en profiter avant la clôture !
N°YT 701A à 701F - Série de Londres - neufs** - TB - signés et avec certificat Calves - 235 euros
Taxe n° 7 - 40 c. bleu - oblitéré - TB - signé et avec certificat Calves - 195 euros
N°YT 118b - Mouchon - recto-verso - neuf** - SUP - avec certificat Calves - 170 euros
Détecter les faux Charles III, mode d’emploi
Nous avons le plaisir de vous présenter cette semaine des extraits d’un ouvrage aussi rare que passionnant : Les timbres-poste de Monaco : la série Charles III de Paul G. Almasy, tiré à seulement 200 exemplaires en 1945. Ce travail de référence est entièrement consacré à la première série de timbres de Monaco - celle du célèbre 5 francs Charles III. L’auteur y propose non seulement un historique précis de l’émission, mais surtout une étude approfondie des faux connus sur le marché, remettant en cause l’idée répandue selon laquelle certains seraient « indétectables ». Vous trouverez ci-dessous les passages les plus marquants de cette analyse remarquable, ainsi qu’un lien de téléchargement regroupant l’intégralité des pages consacrées aux faux, pour vous permettre de les identifier par vous-même. Bonne lecture !
L’histoire de l’émission
“En 1860, la victorieuse campagne d’Italie que les armées de Napoléon III avaient menée contre l’Autriche à côté de leurs alliés sardes, se soldait pour la France par le rattachement de la Savoie et de l’arrondissement de Nice. C’est par le traité de Turin, signé le 24 mars 1860, que le roi Victor-Emmanuel II céda ces territoires à l’Empereur à la condition que les populations savoyardes et niçoises accepteraient librement ce changement de souveraineté. Un plébiscite eut lieu et la volonté populaire ratifia dûment le traité. En juillet 1860 les garnisons sardes quittèrent le territoire de l’arrondissement de Nice et celui de Monaco qu’elles avaient gardé à titre de protectorat.

Ce déplacement de la frontière franco-italienne donna naturellement sans retard une nouvelle orientation à l’évolution politique de la Principauté. Jusque là enclavée dans les Etats Sardes, elle devint enclave dans l’Empire Français. Les Monégasques et le journal l’Eden saluèrent avec enthousiasme la nouvelle puissance protectrice et, par un traité signé le 9 février 1861, le prince Charles III régla avec le gouvernement impérial toutes les questions intéressant les deux pays et leurs relations administratives. Toutefois il n’était pas question de service postal dans ce traité. C’est donc au fond sans aucune base juridique, tout simplement par suite logique de la nouvelle situation, que les postes françaises s’installèrent à Monaco pour remplacer celles des Etats Sardes. Ainsi le bureau de Monaco qui, dirigé par un certain M. Ugo, vendait jusque là les vignettes sardes, fut placé sous la direction de M. Michelis et commença à employer les timbres-poste à l’effigie de l’empereur.
Mais les cachets français n’étaient pas arrivés en même temps que les timbres et on dut utiliser pendant un certain temps les anciens cachets sardes. On trouve donc des lettres mises à la poste à Monaco en 1860, affranchies par des vignettes françaises, mais qui portent une oblitération sarde.

Par contre, on ne connaît pas d’affranchissements mixtes, timbres sardes et français sur le même pli. Ce qui prouve qu’à l’arrivée des timbres français on avait immédiatement mis hors cours les figurines sardes. Cette situation de fait ne fut légalisée que cinq ans plus tard ! Dans le cadre d’une convention que la Principauté conclut avec le gouvernement français en date du 9 novembre 1865, on régla enfin du point de vue juridique les relations postales des deux pays. (…)
A ce moment-là personne ne songea encore à l’émission de timbres- poste spéciaux pour la Principauté. Ce n’est que vers la fin de l’année 1883 que l’idée vint à Depelley, chargé d’affaires à la Légation de Monaco à Paris, qu’il faudrait doter la Principauté de vignettes spéciales présentant l’effigie du prince Charles III. Ses suggestions furent accueillies avec un très vif intérêt par le Prince et apparurent très opportunes aux yeux de toutes les personnalités compétentes. Depuis 1860 le pays connaissait un grand développement économique et intellectuel et les relations postales avec l’étranger devenaient de plus en plus importantes. On considéra donc comme souhaitable que la souveraineté princière pût trouver une expression visible sur les timbres-poste affranchissant les lettres qui partaient par centaines chaque jour de Monaco vers tous les pays du monde. (…)
Les questions d’ordre technique s’avéraient beaucoup plus compliquées que l’on avait cru. Le Ministère des Postes avait choisi Daniel Dupuis, dessinateur et graveur, Grand Prix de Rome, pour lui confier la composition du nouveau timbre-type, mais Dupuis avait de grandes difficultés à s’acquitter de ce travail.

Pendant de longs mois il mit à l’épreuve la patience et l’indulgence du Gouvernement princier en lui présentant des dessins d’une qualité et d’un goût très discutables. (…) Le premier était presque enfantin dans son exécution et aucun des trois ne présentait une idée vraiment artistique. Les lettres étaient mal tracées, le N dessiné à l’envers, etc. (…)

Le 8 décembre 1884 Dupuis avait enfin terminé la maquette définitive ! Elle présentait le type du nouveau timbre tel qu’il fut réalisé. L’Administration craignait sûrement que Dupuis eût autant de difficultés et de malchance avec la gravure qu’il en avait avec le dessin, en outre il n’était pas ce qu’on appelle un buriniste par excellence ; on avait donc confié l’exécution de la gravure à un artiste expérimenté : E. Mouchon, graveur des timbres français en cours à l’époque.
Le 1er mars 1885 tout était prêt pour la confection des planches. L’Atelier se fit spécifier les catégories de timbres que le Gouvernement princier désirait. D’abord on voulait que la série du nouveau timbre- type fut composée de quatorze valeurs : 1, 2, 3, 4, 3, 10, 15, 20, 25, 40, 50, 75 centimes, 1 franc et 5 francs. Le 6 mars, le secrétariat fit savoir à Depelley que les valeurs de 3, 4, 20 et 50 centimes pourraient être supprimées. Ainsi la série fut réduite à dix valeurs.
Restait à choisir la couleur de chaque valeur. A ce sujet on précisa que « Le Prince désire que les couleurs des timbres monégasques ne correspondent pas d’une manière identique à celles des timbres français. Veuillez donc me fournir quelques indications au sujet des couleurs qu’on pourrait adopter pour chaque timbre, en ayant soin que les couleurs des timbres les plus usuels soient d’une nuance franche et agréable à l’œil. » (…)

C’est le 9 septembre 1885 que la série complète fut mise en vente, et cette date doit être considérée comme la date exacte de l’émission pour les 1, 2, 10, 40 et 75 centimes, 1 franc et 5 francs. Les figurines françaises continuèrent à servir dans la Principauté mais devaient être retirées conformément à un accord qui eut lieu entre temps en le Gouvernement princier et le Ministre des postes et Télégraphes français. (…) La date prévue pour la suppression des timbres français dans les bureaux de la Principauté était le 1er janvier 1886, mais on la rapporta au 1er avril afin de laisser aux anciens approvisionnements le temps de s’épuiser. Sur les différents objets de correspondance mis à la poste à Monaco entre le 1er juillet 1885 et le 1er avril 1886 on trouve par conséquent différents affranchissements mixtes, qui constituent de précieuses curiosités dans les collections de timbres monégasques. (…)

Le 5 francs Charles III
La plus grosse valeur de la série était destinée - comme le 1 fr. - à l’affranchissement des plis lourds et des envois avec valeur déclarée, surtout à destination des Etats-Unis. Elle fut très peu employée et est devenu par conséquent non seulement le timbre le plus rare de Monaco, mais une des principales vedettes parmi les timbres classiques d’Europe.
L’Atelier voulut d’abord l’imprimer en noir sur bleu-gris, mais cette teinte fut jugée trop sombre et le secrétariat princier demanda qu’il fut tiré en vert sur fond rose. Pour finir on l’a émis, sur l’initiative de Depelley, en carmin sur fond vert-bleuté. On peut distinguer deux nuances : Carmin sur vert-bleuté ; Carmin terne sur vert-bleuté.

Neuf pièces sur dix de ce timbre sont décentrées. Il est extrêmement difficile de trouver des pièces vraiment parfaites. Une ou deux dents trop courtes (ou manquantes) enlaidissent beaucoup d’exemplaires, qui seraient autrement irréprochables. Les oblitérés ne sont pas moins rares que les neufs. Aucun bloc ne fut conservé de ce timbre ! On croit savoir que le Receveur principal de Monaco débita toutes les feuilles, dès qu’il les eut reçues, en bandes de cinq. Personne ne put donc se procurer un bloc de quatre. Mme Niel (Marseille) a exposé, en 1928, une bande de cinq. On n’a jamais vu un ensemble plus important que celui-ci. A la même Exposition ont figuré 2 paires et 26 unités. (…) Les faux sont nombreux.
Les faux
(…) Nous avons souvent entendu dire que, parmi les faux Charles III - il s’agit surtout des 1 fr. et 5 frs - il y en a de très dangereux, presque impossible à identifier. Nous avons été aussi témoins de longues discussions entre des personnes considérées comme compétentes qui, devant un timbre Charles III, ne sont pas arrivées à tomber d’accord sur la question : vrai ou faux ? A notre avis, tous ces faux ont une réputation exagérée et leur identification n’est pas si difficile que l’on pense. Vrai ou faux, la question peut être éclaircie en toutes circonstances, même sans la lampe Wood.
Pour fabriquer un faux le faussaire n’a le choix qu’entre deux procédés : 1°) faire une gravure en copiant l’original et imprimer le faux par le procédé selon lequel l’original a été imprimé, c’est-à-dire en typographie ; 2º) reproduire l’original par photographie et tirer les faux en photolithographie. (La reproduction lithographique par un dessin fait à la main est un procédé absolument primitif qui réunit les principaux inconvénients des deux procédés indiqués).
Dans le premier cas, c’est le dessin du timbre qui ne sera pas conforme à l’authentique ; dans le deuxième, c’est l’impression qui revêtira un aspect différent. Sans parler de la qualité du papier, des dimensions de la vignette et des teintes, qui sont particulièrement difficiles à imiter, ce sera ou le dessin ou l’impression qui trahiront nécessairement le faux.
Si le faussaire choisit le premier procédé - c’est rarement le cas - il n’obtient qu’une imitation primitive n’offrant qu’une très vague ressemblance avec l’original. Il est impossible de copier un dessin par une gravure faite à la main de telle façon que la copie soit parfaitement identique au modèle. Tous les faux considérés comme « dangereux » furent obtenus par photolithographie. La reproduction mécanique, si elle est bien exécutée, offre une identité absolue avec le modèle jusque dans les moindres détails du dessin. Mais le tirage se fait tout autrement en typographie et en photolithographie.
Dans l’impression typographique, (…) les contours des parties colorées sont toujours tranchants. Dans l’impression photolithographique (…), les contours des parties colorées ne seront jamais tranchants. Ce sont les chiffres qui se prêtent le mieux à cette expertise. Nous reproduisons ici le chiffre agrandi d’un timbre original de 40 cts et celui d’un faux considéré comme très dangereux et obtenu par photolithographie. Ceux deux reproductions appuieront utilement nos explications.
A propos des chiffres de valeur, nous avons constaté qu’ils constituaient généralement le meilleur repère pour l’identification des faux. Même les falsifications qui offrent des dessins parfaitement imités différent sensiblement des authentiques par le tracé des chiffres. (…) Ce phénomène s’explique mal. Quand le faussaire fait une reproduction photographique d’une pièce originale pour obtenir une imitation parfaite du dessin, les chiffres devraient être reproduits avec la même exactitude. Pourquoi donc les chiffres restent-ils le point faible, même dans les meilleures contrefaçons ? La seule explication que nous puissions donner à ce phénomène est la suivante : (…) pour obtenir un meilleur résultat quant à l’imitation des traits du dessin, les faussaires ont choisi pour la reproduction photographique une valeur dont la couleur convenait le mieux à l’opération. A notre avis, il doit s’agir du 1 fr. L’impression noire se détache bien du fond jaune clair. Pour obtenir des imitations des autres valeurs de la série, on se servit du même cliché en changeant seulement les chiffres, qui de ce fait ne sont pas identiques à ceux des originaux. Bien entendu, ce n’est qu’une hypothèse.

Paul G. Almasy”
Nous avons rassemblé dans un document PDF l’intégralité des informations collectées par Paul G. Almasy au sujet des faux de la série Charles III. Vous y trouverez la description détaillée de chaque type de faux - faux de Turin, de Genève, de Marseille, de Nice, et même le fameux faux “Champion”, dû non pas au célèbre négociant Théodore Champion, mais à un aventurier homonyme. Le document comprend également un tableau comparatif des chiffres de toutes les valeurs, ainsi que des planches d’analyse du cartouche “PRINCIPAUTÉ DE MONACO” et du profil des effigies, permettant de vérifier avec précision l’authenticité d’un exemplaire. Un fascicule passionnant, qui éclaire les méthodes d’expertise fondées sur l’observation et pourra, peut-être, vous donner envie de vous y initier. Téléchargez le pdf Les faux de la série Charles III de Paul G. Almasy
Nous remercions Elliot Yeung, propriétaire de l’ouvrage, de nous l’avoir confié pour la réalisation de cette newsletter.
Egalement dans notre vente flash :
N°10c - Présidence - réimpression 1862 - neuf* - TB - signé et avec certificat Calves - 150 euros
N°37b - Cérès - 20 c. bleu - neuf* - TB - signé et avec certificat Calves
N°YT 208 - Merson - neuf** - SUP - signé et avec certificat Calves
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