Tin Can Mail : la poste la plus insolite du monde
Newsletter de la maison Calves #75
Il n’existe pas de meilleur moyen de parfaire sa culture philatélique qu’en se plongeant dans la lecture de la presse et des publications anciennes, dans lesquelles se trouvent quantité d’informations précieuses et érudites.
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Tin Can Mail : la poste la plus insolite du monde
Comme vous le savez, nous republions ici, le plus souvent, des articles tirés de la presse philatélique ancienne - généralement de la première moitié du XXᵉ siècle. L’article que nous vous proposons aujourd’hui fait exception : il a été publié en juillet 2018 dans Timbres Magazine. Nous avons choisi de le remettre en lumière car il a été rédigé à l’époque par l’un des experts de notre maison, Vincent Beghin, en collaboration avec une grande figure de la philatélie française : Danièle Dutertre, négociante installée galerie de Chartres au Palais-Royal à Paris, qui nous a quittés il y a tout juste un an. En le republiant aujourd’hui, nous tenions à lui rendre hommage. Découvrons donc, grâce à cet article, une série de pièces d’une grande originalité : des courriers acheminés dans des boîtes de conserve sur la petite île pacifique de Niuafo’ou !
Impossible d’imaginer île plus isolée que celle de Niuafo’ou, située au beau milieu de l’océan Pacifique. D’une part, on ne trouve pas de terre habitée à moins de 280 kilomètres. D’autre part, les conditions géographiques (falaises impressionnantes, ressac effroyable, absence de lagon) rendent l’accès impossible aux bâtiments de navire marchande. Dans ce contexte, au XIXe siècle, l’une des rares attractions sur place consiste à observer les bateaux qui croisent au loin sans jamais accoster.
Une fois par an et pas plus, l’un d’eux s’arrête enfin et attend au large que l’on vienne en pirogue charger et décharger des marchandises. “Cette situation s’avère intenable pour le seul Européen établi dans l’île, William Travers, venu y faire fortune dans la production d’huile de coprah.” indique Danièle Dutertre. “En effet, il lui est nécessaire de communiquer régulièrement par courrier avec sa société, basée en Australie. Pour ce faire, il imagine donc un plan ingénieux qu’il présente aux autorités postales des Tonga (l’archipel britannique auquel Niuafo’ou est rattaché administrativement) : pourquoi ne pas demander aux bateaux passant à proximité de faire un arrêt lorsqu’ils transportent du courrier qui lui est destiné ? Il suffirait alors que la capitaine donne un coup de sirène et, aussitôt, un nageur viendrait chercher le courrier, protégé dans des conteneurs en métal. Et c’est ainsi que naît, en 1882, la première poste au monde par boîtes de conserve !”
Le système mis en place par William Travers est repris par ses successeurs, et notamment par George Quensell, débarqué sur l’île en 1928. “Quensell faut évoluer le service : à partir de 1931, suite à la mort d’un postier attaqué par un requin, la collecte du courrier est effectuée non plus à la nage, mais par pirogue. La tâche n’en est pas moins ardue : les pirogues doivent en effet être jetées du haut d’une falaise, puis remontées au sommet une fois les boîtes de conserve récupérées.” précise Danièle Dutertre.

”Par ailleurs, Quensell (qui collectionne lui-même les timbres) se met en tête d’attirer l’attention des philatéliste sur Niuafo’ou. Pour ce faire, il fabrique sur place un cachet avec légende “Tin Can Mail” (“tin”, “can” et “mail” signifiant respectivement en anglais “étain”, “boîte” et “courrier”) avec lequel il tamponne systématiquement le courrier qu’il reçoit. Et cela marche ! Très vite, des philatélistes partout dans le monde s’interrogent sur l’origine de ce curieux tampon, se renseignent et se passionnent pour les plis transportés par boîtes de conserve.”

De ce fait, Niuafo’ou devient dans les années 30 une escale pour les paquebots de luxe. Sans descendre à terre, les croisiéristes s’amusent à observer les postiers à pirogue bravant parfois des vagues énormes. Moyennant 6 pence couvrant les frais d’affranchissement et la commission de Quensell, ils peuvent également se faire envoyer un courrier et le conserver à titre de souvenir. Quant aux philatélistes n’ayant pas la chance de voyager, Quensell ne les a pas oubliés : ils peuvent, contre la somme d’une livre, lui adresser une lettre pour qu’elle leur soit ré-expédiée dûment tamponnée. “On estime que pas moins d’un demi-million de lettres ont été adressés par Quensell dans 127 pays différents. Au fil du temps, il a multiplié les cachets au recto et surtout au verso des lettres, afin de séduire les collectionneurs. Notamment, il n’a pas hésité à utiliser toutes les langues qu’il maîtrisait, même très approximativement, dont le Français. On peut ainsi lire sur certains plis : “Etain Pot Canot Courrier” !”

En 1946, un événement tragique vient mettre une terme à ce curieux système postal. Une intense explosion volcanique détruit en effet les trois quarts des habitations de l’île, dont celle de Quensell (qui perd également à cette occasion toutes ses économies et une collection de près de 60 000 courriers). Niuafo’ou est évacuée et reste déserte jusqu’en 1962. A cette date, de nouveaux arrivants débarquent qui font revivre à une modeste échelle le service postal par boîtes de conserve. Celui-ci cesse définitivement d’exister en 1983, lorsqu’un aéroport est ouvert. “Aujourd’hui, les pièces rares restent les plis postés avant les années 30.” signale Danièle Dutertre. “Mais sont également très recherchés certains cachets n’ayant été que très peu usités (tel celui “Swimmer Mail” qui n’a existé qu’entre 1937 et 1938) ou encore les lettres provenant de certains navires (on n’en connaît par exemple qu’une seule qui soit originaire du HMS Leith).”


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