L'histoire d'un faux pour tromper la Poste : le faux Galanis
Newsletter de la maison Calves #13
Il n’existe pas de meilleur moyen de parfaire sa culture philatélique qu’en se plongeant dans la lecture de la presse et des publications anciennes, dans lesquelles se trouvent quantité d’informations précieuses et érudites.
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L’article de la semaine : “L'histoire d'un faux pour tromper la Poste : le faux Galanis”
Il y a quelques semaines, nous vous informions sur l’existence de nouveaux faux pour tromper la Poste, et de la manière de les reconnaître. Mais savez-vous que le problème des '“faux pour servir “ existe quasiment depuis l’apparition des timbres-poste ? Nous vous proposons cette semaine de découvrir l’histoire de l’un des plus connus d’entre eux, le faux Galanis (n°YT 325a), grâce à l’article que lui ont consacré les Annales de la Philatélie, dans leur numéro d’octobre-décembre 1941.
“En 1936, sortit des presses des ateliers officiels, une série de timbres destinés à annoncer et à célébrer l'Exposition Internationale qui devait se tenir à Paris en 1937, « sous le signe de l'Art et de la Technique ». Cette série comprenait six timbres répartis en deux sujets également pauvres et ridicules en leur conception, misérables en leur exécution typographique. Les deux fortes valeurs de 90 c. et de 1 fr. 50 représentaient un globe terrestre à demi voilé par un rideau que soulève un demi-bras au premier plan. Les basses valeurs (20 c., 30 c., 40 c. et 50 c.), offraient à la vue dans un cadre rectangulaire farci d'inscriptions peu lisibles un héraut court-vêtu tenant de la main droite une corne à bouquin et de la gauche une oriflamme entortillée autour de la hampe.
Le public fit un accueil des plus froids à ces productions artistiques conçues et exécutées par M. Galanis ; avec sa coutumière irrévérence, il qualifia l'un des sujets de « Boule » et l'autre de « Squelette » en faisant allusion à la maigreur du personnage. Le timbre de 50 c. était habillé d'une teinte rouge moitié brique, moitié vermillon (…). Il représentait le port de la lettre simple à l'intérieur.
Les critiques portant sur ces vignettes furent telles que l'administration s'en émut et, avant la fin de l'année 1936, vint en circulation un nouveau timbre de 1 fr. 50 (destiné au courrier pour l'étranger) d'un caractère plus esthétique, célébrant le Rassemblement Universel pour la Paix (sic).
Néanmoins les hideuses vignettes émises en l'honneur de l'Exposition Internationale, défi au bon goût français et étrange manifestation de contre-publicité, continuaient à affranchir les envois postaux quoi qu'on puisse se douter que l'administration n'ait point songé à augmenter les quantités imprimées lors du tirage initial. On prétend même que les bureaux de poste avaient cessé d'être approvisionnés en ces tristes étiquettes depuis le mois d'octobre 1936, mais si ce fait est vrai, la distribution du début avait été faite très libéralement, car ces timbres étaient encore débités par les guichets postaux au cours de l'été de 1937 (au moins à Paris), à l'exception toutefois du 50 c.
Cette valeur, en effet, fut retirée officiellement de la circulation vers la fin du mois de mai. Pourquoi ? Le maintien en vente des autres valeurs de la série excluait toute idée de honte de la part de l'administration à distribuer une telle marchandise au nom de l'Art et de la Technique. On sut bientôt que la cause de ce retrait était toute prosaïque : des faux de cette valeur avaient été fabriqués... et découverts.
(…) L'histoire tant postale que pénale de cette falsification paraît être courte ou incertaine ; il ne semble pas qu'il y ait découverte de ces faux sur des lettres, ni qu'il y ait découverte de l'auteur ou de distributeurs de ce faux, de ce fait point de poursuites. L'affaire fut-elle étouffée ou bien ne put-on identifier le ou les coupables ? Nul ne le sait.
Cette vignette — à l'état isolé ou en feuille — se rapproche énormément de celle qu'elle imite. En effet, elle aurait été fabriquée en feuilles de cent pièces avec les deux panneaux de cinquante pièces, l'intervalle blanc et les bordures réglementaires. Il paraît que les inscriptions des coins inférieurs gauche et droit auraient existé mais que la bordure aurait été enlevée parce que ces inscriptions n'auraient pas été fort réussies...
La dentelure a été fort bien imitée et donne l'illusion d'un piquage en peigne. Quant au dessin lui-même, il offre peu de détails permettant une identification aisée. Qu'on en juge par les descriptions qui en ont été données : l'ensemble manque de force et de netteté, l'impression est lourde, les ombres peu légères par suite de l'emploi d'une encre épaisse ce qui donne parfois des taches, l'oriflamme se déploie avec moins de netteté. De son côté, M. Aimé Brun signale que le c de centimes est un peu plus fort (épais) que dans l'original.
En somme, ce faux est très malaisé à dépister et on ne sait si réellement il fut vendu aux consommateurs ou bien si le stock fut saisi par suite d'indiscrétions avant la mise en vente.
F. P. Renaut d’Oultre-Seille”
Le lien pour lire en ligne le numéro d’octobre-décembre 1941 des Annales de Philatélie : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9672752z/f301.item
Quelques compléments à l’article des Annales de Philatélie
Nous avons retrouvé dans nos archives l’étude complète qu’avait faite Aimé Brun concernant le faux Galanis (rappelons qu’Aimé Brun, qui était un des plus grands experts français dans les années 1940-1960, est aussi celui qui a formé aux techniques d’expertise le créateur de la maison Calves, Roger Calves).
Il s’avère que cette étude, qu’Aimé Brun a exposée le 21 avril 1937 à l’Académie de Philatélie, est beaucoup plus développée et intéressante que ce qu’en dit Renaut d’Oultre-Seille dans son article. Nous vous donnons ci-dessous copie de ce document et vous le proposons également en téléchargement : Le faux Galanis par Aimé Brun (pdf)
De manière générale, voici ce sur quoi nous vous conseillons de porter attention prioritairement, lorsque vous cherchez à identifier le faux Galanis. Premièrement, fiez-vous à la couleur du timbre : le faux tire beaucoup plus sur l’orange que l’original. Ensuite, regardez attentivement le dessin : celui du faux est empâté, certains détails sont mal restitués : ainsi, par exemple, l’oriflamme est coupé en deux au lieu d’être d’un seul tenant.
Enfin, comme l’indique très justement Aimé Brun, les timbres se comportent très différemment lorsqu’ils sont exposés aux U.V., notamment au verso. Ainsi la gomme du timbre original réagit-elle de manière vive, tandis que celle du timbre faux prend une teinte terne, tirant sur le gris-rosé.
Indiquons pour conclure la cote que le catalogue Yvert et Tellier 2024 donne à ce timbre sous le numéro 325a (faux de Paris) : 280 euros. Celle-ci est loin d’être excessive. Ce timbre se rencontre en effet peu fréquemment, beaucoup plus rarement en tout cas que d’autres faux pour servir tels que le Pasteur n°181a ou le Semeuse n°199n… dont nous vous parlerons peut-être dans une prochaine newsletter.
Vendez vos timbres au mieux !
La maison Calves est le cabinet de référence en France pour l’expertise des timbres de collection. Depuis plus de 50 ans, c'est à nous que les professionnels de la philatélie (négociants et maisons de vente) font appel pour établir l'authenticité de leurs timbres. Cette spécificité fait que nous sommes parmi les plus qualifiés en France aujourd'hui pour juger de l’intérêt d’une collection (nous avons une connaissance à 360 degrés des spécialités philatéliques, y compris les plus pointues : marques postales, timbres de la Libération, guerre de 1870, etc.) ; estimer sa valeur réelle (nous suivons au plus près les résultats des ventes et l'évolution des cours) ; vous orienter vers un professionnel pour la vendre (sur le marché français, nous les connaissons presque tous et travaillons avec la majorité d'entre eux). Nous sommes à votre disposition pour vous conseiller, si vous souhaitez vendre tout ou partie de votre collection ou des timbres à la pièce.
merci
Article très intéressant.Comme d habitude.