Le petit frère méconnu du Vermillon : le 1fr rouge-brun, par Roger Calves
Newsletter de la maison Calves #31
Le 7 novembre prochain, à l'occasion du Salon philatélique d'automne, la Poste française rendra hommage à Roger Calves (1921-2009), fondateur de la maison Calves, en émettant un timbre à son effigie.
Cette semaine, nous vous invitons à redécouvrir un article écrit par Roger Calves, paru dans l'Echo de la Timbrologie n°1436 en 1973. Cet article est consacré au “Un franc rouge-brun”, souvent considéré comme étant le petit frère du célèbre “Un franc Vermillon”.
L’histoire du Vermillon vous est certainement connue : émis le 1er janvier 1849, ce timbre est retiré de la circulation dès décembre de la même année. L'administration des postes redoutait en effet que sa couleur, trop similaire à celle d'un autre timbre, ne sème la confusion parmi les postiers, entraînant des erreurs de vente. Cette brève existence explique pourquoi ce timbre est aujourd'hui si prisé par les collectionneurs.
En revanche, l'histoire du “Un franc rouge-brun”, référencé sous le numéro 6A du catalogue Yvert et Tellier, vous est peut-être moins familière. Dans son article, Roger Calves revient sur celle-ci, tout en se livrant à des calculs savants pour déterminer le chiffre de vente de ce timbre. Et vous serez peut-être surpris du résultat : il s’avère que ce chiffre n'est pas si éloigné de celui du Vermillon… ce qui en fait donc lui aussi un timbre rare. Bonne lecture !

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Le petit frère méconnu du Vermillon : le 1fr rouge-brun

“Nos maîtres anciens, Dillemann, Bourselet, Carpentier, ont toujours hésité sur les dénominations exactes à donner aux 1 F de l'année 1849 (…). On doit à Monsieur Marchand, suite à ses études récentes sur les documents officiels de l'Atelier de la Monnaie, les chiffres de tirage, de vente et de destruction de ces timbres. Monsieur Rougeot en a fait, à travers son impressionnante collection et documentation personnelle, une étude statistique très précise et scientifique par ses examens au microscope (cf. son exposé au Colloque Philatélique de l'Aigle en 1971). (…) De tout cela, et en lisant soigneusement l'Encyclopédie de l'Académie de Philatélie (pages 49, 51, 52 et 59), on peut conclure logiquement ce qui suit :
Après livraison du galvano1 (…), le 27 décembre 1848, on commença à tirer le 30 décembre au matin sur demi- planche de 150. On utilisa une encre de couleur Vermillon de Mercure (SHg : sulfure rouge de Mercure), encre monopigmentaire, qui attaqua immédiatement le cuivre du galvano et noircit celui-ci.
Le nombre de Vermillons imprimés fut d'environ 250 000 : en effet, 250 291 ×1 F (…) furent utilisés au cours de l'année 1849. L'estimation statistique des collectionneurs spécialisés s'est toujours traduite dans le passé par : ½ Vermillons et ½ Carmins, donc 125 000 Vermillons utilisés + 122 398 détruits (comme pouvant prêter à confusion avec les 40 c.) = environ 250 000.
En admettant ce chiffre comme probable et sachant qu'au soir du 31 décembre (vers 20 h), 156 300 exemplaires avaient été tirés, il reste, pour arriver aux 250 000, 94 000 exemplaires à tirer. Sachant également que l'on sortait 375 demi-feuilles par dix heures (cf. Encyclopédie de Philatélie page 5), le temps nécessaire pour ce faire est d'environ dix-sept heures, soit, en tirage continu : 31 décembre à 20 h + 17 heures = 1 janvier à 13 h.
Monsieur Hulot2, s'apercevant alors de l’altération du cuivre et de certaines défectuosités d'impression qui résultaient, de encrassage dû à l'encre vermillon, fit nettoyer le galvano.

Le temps approximatif de ce nettoyage du galvano peut être estimé à une heure. On peut donc penser raisonnablement que le 1er janvier, à 14 h, il reprenait le tirage et ce jusqu'au 7 janvier, avec une encre polypigmentaire, dont le mélange ne nous est pas connu, mais que Monsieur Hulot a évidemment cherché à rapprocher du Vermillon précédemment utilisé. Sa composition probable (cf. lettre de Bourselet à Monsieur Carpentier du 26 décembre 1932) se fit en ajoutant à de la laque de cochenille, beaucoup de terre de Sienne calcinée (mélange économique, d'ailleurs) avec une pointe de vert-émeraude en complémentaire. On connaît un rouge-brun du 2 janvier, oblitéré au Bureau Central de Paris, où quelques feuilles à peine sèches (l'impression en est très légère, comme diminuée par contact) furent livrées.

Le 8 janvier, le tirage sur planches entières de 300 commençait, et probablement à l'occasion de cette nouveauté, le mélange des encres plus fluides s'enrichissait de laque carminée, donnant des carmin-brun plus ou moins foncés.
En nous basant sur le tirage total sur demi-planche de 150 = 3398 feuilles = 509 700 exemplaires, on en déduit que Monsieur Hulot a tiré de ces timbres 509 700 - 250 000 = 260 000 exemplaires en rouge-brun. Ils sont reconnaissables à la netteté de l'impression très fine et en même temps très complète : parallélépipèdes des ombres du cou nettement dessinées ainsi que la courbe des cheveux, lignes ondées très complètes aussi dans les écoinçons, points entre ces lignes très marqués. Leur couleur rouge-brun, comme le remarque Monsieur Rougeot, donne à l'œil non expérimenté une première et fausse impression de Vermillon terne (en effet, au microscope, aucun pigment vermillon). (…)
En reprenant le chiffre de tirage probable précédemment obtenu 250 000 vermillons et 260 000 rouge-brun, si nous considérons que 122 000 rouge pâle (des vermillons) furent détruits, nous obtenons comme timbres utilisés en 1849 et dans les années qui suivirent le chiffre définitif de 127 000 vermillons vifs, ordinaires ou ternes et 260 000 rouge-brun. La proportion nous donne une cote théorique facile à évaluer pour cette dernière nuance très rare.
Roger Calves, de l’Académie de Philatélie”
A ceux de nos lecteurs qui nous ont lu jusqu’ici :
Nous reconnaissons que l’article ci-dessus est relativement technique. Il nous apparaissait toutefois intéressant de le partager, pour illustrer le niveau de connaissances des experts de la génération de Roger Calves, et des efforts qu’ils déployaient pour les approfondir et les transmettre à la communauté des philatélistes.
De manière générale, retenez ceci :
le “Un franc rouge-brun” a été tiré du 1er au 7 janvier 1849.
Il doit son existence au fait que le tirage précédent (celui du Vermillon) ait noirci le cliché en cuivre servant à l’impression, ce qui a nécessité un changement de la composition de l’encre.
On peut raisonnablement estimer le nombre “Un franc rouge-brun” vendus aux guichets à seulement 260 000 exemplaires (soit à peine moins du double de celui des vermillons). Il s’agit donc d’un timbre rare, dont la cote Yvert et Tellier (3 200 euros pour un exemplaire oblitéré) est plus que raisonnable.
Par ailleurs, nous vous en faisons la promesse : nous reviendrons la semaine prochaine avec un article plus accessible, en conformité avec l’esprit convivial de notre newsletter !
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Tout commence en 1943 avec Roger Calves, élève d’Aimé Brun - figure fondatrice de l’expertise philatélique moderne. Son exigence et son savoir-faire sont ensuite transmis à Christian Calves et Alain Jacquart, qui font aujourd’hui référence dans le monde philatélique.
➡️ En 2024, La Poste française rend hommage à cette histoire en émettant un timbre officiel à l’effigie de Roger Calves — un honneur rare, partagé par peu d’experts philatéliques.

Un galvano, dans le domaine de l'imprimerie, est un cliché métallique obtenu par galvanoplastie, utilisé pour la reproduction d'œuvres gravées ou de compositions typographiques
Anatole Hulot est le fonctionnaire français, qui a dirigé l'entreprise de fabrication des premiers timbres-poste de France de 1848 à 1876.
Merci