La série Francisque : imprimée, jamais utilisée
Newsletter de la maison Calves #77
Dernière newsletter de l’année. L’occasion, bien sûr, de vous souhaiter de très belles fêtes - mais surtout de vous remercier. Vos messages et vos réactions ont fait de cette newsletter un véritable espace d’échange. Preuve, s’il en fallait, que la philatélie demeure un loisir vivant et un terrain de débats passionnants.
Dans cette édition, nous revenons sur deux sujets qui ont particulièrement fait réagir : les nouvelles règles d’affranchissement de La Poste, à partir des témoignages reçus cette semaine, et la découverte d’un nouveau cas de fausse signature, la signature Pothion. Nous répondons également à une question qui nous a été posée : pourquoi la série Francisque n’existe-t-elle qu’à l’état neuf ?
2026 marquera l’arrivée de plusieurs nouveautés que nous avons hâte de vous dévoiler : le lancement d’une édition anglophone de cette newsletter et, à la suite de vos nombreuses demandes, la ré-ouverture de nos services d’expertise aux associations philatéliques.
En attendant, notre vente flash est en cours. Une sélection soignée de pièces choisies, disponible dès à présent. Les expéditions seront assurées jusqu’au 22 décembre inclus, afin que ces timbres puissent trouver leur place sous le sapin.
Comme toujours, si cette newsletter vous plaît, n’hésitez pas à la commenter, à la « liker » ou - mieux encore - à la partager avec d’autres philatélistes ou sur vos réseaux.
Actuellement dans notre vente flash :
Indochine - n°59A - chiffres espacés - neuf* - TB - signé et avec certificat Calves - 285 euros
N°YT 321 - Atlantique-Sud - neuf** - SUP - signé et avec certificat Calves - 195 euros
Colis postaux n°169A à 169F - neufs* - TB - signés et avec certificat Calves - 155 euros
N°YT 105 - Type Sage - paire avec millésime 0 - neufs** - TB - signée Calves - 150 euros
Radiodiffusion n°1 à 3 - les 3 épreuves de luxe - 145 euros
Nouvelles règles d’affranchissement : après vos messages, quelques clarifications
La semaine dernière, nous vous informions de l’entrée en vigueur d’une nouvelle règle d’affranchissement édictée par La Poste en juillet dernier : les timbres doivent désormais être apposés sur une seule ligne. Une règle qui commence à être appliquée dans certains bureaux et centres de tri.
L’un d’entre vous s’en est vivement étonné, allant jusqu’à écrire :
« Sur une seule ligne, c’est digne d’une blague du 1er avril, cela frise le ridicule (…) Je me demande comment vous pouvez colporter de tels ragots. Vos sources ? Vous vous basez sur des faits rapportés par les éternels grincheux qui exècrent La Poste. »
Nous tenons donc à le rappeler clairement : notre source est tout simplement… La Poste elle-même. Cette règle figure noir sur blanc dans une circulaire officielle (article 4.7.1), dont nous vous redonnons ici le lien : circulaire du 1er juillet 2025 (au format pdf). Plus généralement, soyez assurés que les informations publiées dans cette newsletter sont systématiquement vérifiées et recoupées ; nous ne relayons pas de bruits de couloir.
Plusieurs d’entre vous nous ont confirmé avoir été confrontés à des retours de courrier pour non-respect de cette nouvelle exigence. D’autres, à l’inverse, s’étonnent de continuer à affranchir leur courrier « comme avant », sans aucune difficulté. Et c’est bien là le cœur du problème : la règle existe, mais son application reste très inégale. Certains centres de tri la font respecter strictement, tandis que d’autres ne l’appliquent pas - du moins pas encore.
De notre côté, nous ne sommes pour l’instant pas concernés, ce qui nous permet de continuer à proposer des affranchissements philatéliques sur nos envois. Mais pour combien de temps ?
Enfin, plusieurs lecteurs soulignent - non sans raison - que cette évolution était sans doute prévisible, au regard des abus constatés ces dernières années : utilisation de timbres démonétisés, libellés en anciens francs ou d’affranchissements manifestement non conformes. Nous partageons tout à fait leur analyse : un minimum de responsabilité collective n’aurait sans doute pas été inutile…

Fausses signatures : un nouveau cas à connaître
Souvenez-vous : nous vous avons alertés à plusieurs reprises sur l’existence sur le marché philatélique de fausses signatures d’anciens experts et négociants, recréées récemment par un faussaire profitant du fait que leurs titulaires ont disparu - et ne peuvent donc plus faire valoir leurs droits.
Nous vous avions présenté un tableau récapitulatif de ces signatures frauduleuses, que nous reproduisons à nouveau ci-dessous. Toutes ont un point commun : elles figurent systématiquement au verso de timbres problématiques.
Nous pouvons aujourd’hui ajouter un nouveau nom à cette liste : une fausse signature de Vincent Pothion, relevée au dos d’un timbre n° 33… lui-même faux de toute pièce.

La signature, prise isolément, est relativement bien imitée - même si l’espacement et la forme de certains caractères ne correspondent pas exactement à l’original. Mais elle trahit surtout une erreur fondamentale : Vincent Pothion était spécialiste d’histoire postale. Il authentifiait des lettres, pas des timbres. Sa signature ne se rencontre donc pas au dos de timbres-poste.


Actuellement dans notre vente flash :
N°YT 154 - Orphelins - neuf* - très bon centrage - TB - signé et avec certificat Calves - 195 euros
N°79 - Type Sage - 25 c. bleu (II) - neuf* - TB - signé et avec certificat Calves - 165 euros
N°67 - Type Sage - 20 c. brun-lilas (I) - neuf* - TB - signé et avec certificat Calves - 145 euros
Pourquoi la série Francisque n’existe-t-elle qu’à l’état neuf ?
La question nous a été posée - et elle est particulièrement intéressante. En effet, on ne connaît pas de timbres de la série Francisque oblitérés… tout simplement parce que cette série n’a jamais été mise en circulation. Et cette absence raconte déjà une histoire singulière. Autre particularité intrigante : dans le catalogue Yvert et Tellier, la série Francisque comporte deux colonnes. Mais la seconde n’est pas, comme c’est l’usage, réservée aux timbres oblitérés. Elle concerne des exemplaires sans gomme. Cette singularité s’explique par les conditions très particulières dans lesquelles ces timbres sont arrivés sur le marché philatélique. Voici toute l’histoire.
À l’automne 1940, le maréchal Pétain adopte un symbole personnel destiné à incarner l’idéologie du nouveau régime : la francisque, arme emblématique de la Gaule ancienne, censée signifier un retour aux racines de la nation. Le motif retenu s’éloigne rapidement de la francisque antique : le manche de la double hache est remplacé par le bâton de maréchal orné d’étoiles, tandis que les lames sont décorées des couleurs nationales. La francisque devient ainsi un signe distinctif du chef de l’État français et s’affiche rapidement dans l’espace public, tandis que la croix de Lorraine, associée à la France libre, fait l’objet d’une interdiction stricte.

C’est dans ce contexte que la presse philatélique révèle, dès 1941, que la francisque doit figurer sur une série de timbres réservés à un usage bien particulier. La loi du 6 décembre 1941, publiée au Journal officiel du 7 décembre et au Bulletin officiel des P.T.T. du 20 décembre, institue en effet des timbres-poste spéciaux destinés à l’affranchissement du courrier officiel, avec une entrée en vigueur prévue au 1er janvier 1942.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces timbres ne confèrent pas la franchise postale. Leur délivrance doit être réglée par les administrations sur leurs crédits budgétaires, moyennant un abattement dont le taux reste à fixer. Sont concernés les échanges relevant du fonctionnement des administrations de l’État, des départements et des communes, tant en métropole que dans les relations avec les territoires coloniaux. Certaines correspondances – notamment celles du chef de l’État ou des hauts magistrats – demeurent toutefois admises en franchise.
Cette remise en cause d’un usage ancien suscite de fortes résistances au sein des ministères… au point que la date d’application est reportée à plusieurs reprises entre 1942 et 1944, avant d’être finalement renvoyée à une échéance indéterminée. Les timbres de la série Francisque, bien qu’imprimés, ne sont donc jamais utilisés.
À l’été 1944, la chute du régime de Vichy et l’instauration du Gouvernement provisoire de la République française rendent ces timbres inutiles et politiquement indésirables. L’ordre est donné de détruire l’intégralité des stocks.
À l’automne, cette destruction est confiée à une entreprise d’Aubervilliers. Les timbres sont immergés dans des bacs d’eau afin d’en dissoudre la gomme. C’est à ce moment que certains employés parviennent à en soustraire des exemplaires, privilégiant surtout les fortes valeurs faciales. Diffusées en nombre sur le marché, celles-ci voient leur cote rester modeste. À l’inverse, les petites valeurs - notamment les 70 centimes et 1 franc - se voient attribuer des cotes élevées, peu d’exemplaires ayant échappé à la destruction. Jusque dans les années 1960, les collectionneurs ne peuvent donc acquérir que des séries sans gomme, parfois froissées, peu attractives pour les amateurs de beaux timbres.
Mais, au milieu des années soixante, un changement s’opère : apparaissent sur le marché des séries neuves, intactes, avec gomme d’origine. Elles proviennent de stocks remis en 1942 à une administration vichyssoise, alors que l’on croyait la mise en service imminente. Pour une raison restée inconnue, ces timbres ne furent jamais restitués et restèrent oubliés pendant près de vingt ans.
Cette réapparition redonne tout son intérêt à la série Francisque, désormais recherchée à la fois pour la charge historique qu’elle porte et pour la possibilité de la rencontrer, enfin, dans un état de conservation irréprochable.
A lire : La série “Francisque” une émission anti-franchise, Annette Apaire et Bertrand Sinais, Timbres Magazine n°9, janvier 2001.
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