L'histoire héroïque des ballons montés + faux carnets "Marianne l'engagée"
Newsletter de la maison Calves #21
En tant qu’experts, nous sommes régulièrement sollicités pour authentifier des pièces d’exception - des timbres qui, en raison de leur niveau de rareté, ne peuvent se vendre qu’accompagnés de certificats d’experts reconnus.
C’est ainsi que la maison suisse David Feldman a fait appel à nous pour expertiser certains des timbres de sa prochaine vente aux enchères - une vente dans laquelle se trouvent certaines des pièces les plus prestigieuses de la collection de timbres de France.
Le catalogue de cette vente, qui se tiendra du 17 au 22 juin prochains à Genève, est en ligne : découvrez-le sur le site de la maison Feldman.
En attendant cet événement, nous vous proposons de découvrir l’histoire (souvent passionnante) qui se cache derrière quelques pièces emblématiques. La semaine dernière, nous vous avons présenté une lettre datée du 1er janvier 1849, date du premier jour d’émission des timbres en France. Aujourd’hui, nous terminons notre tour d’horizon avec deux ballons montés exceptionnels, adressés respectivement au Japon et en Afrique du Sud.
A lire également dans cette newsletter : le bilan que nous faisons du salon Paris-Philex 2024, lequel nous a notamment permis d’avoir en main pour la première fois les faux carnets “Marianne l’engagée” en provenance de Chine.
Comme d’habitude, si nos articles vous intéressent, n’hésitez pas à les commenter, à les “liker” ou, mieux encore, à les transférer à d’autres philatélistes ou à les partager sur vos réseaux.
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L’histoire héroïque des ballons montés
En 1870, après la capitulation de Sedan, les armées prussiennes déferlent sur le nord de la France et encerclent Paris, le 17 septembre. Coupée du reste du pays, la capitale doit rapidement trouver les moyens de communiquer avec la Province. L’idée naît d’utiliser à cette fin des ballons à gaz que le photographe et aérostier Nadar se trouvait avoir mis à disposition des autorités, initialement pour qu’ils servent à l’observation des lignes ennemies. C’est ainsi que, le 23 septembre, s’élève depuis la place Saint-Pierre à Montmartre un ballon baptisé le Neptune, avec à son bord le pilote, Jean Duruof, et 125 kilogrammes de courrier. L’expérience est un succès : le ballon atterrit sans encombre à Craconville, près d’Evreux, en zone non occupée par les Prussiens, ce qui amène l’administration des postes, le 27 septembre, à autoriser officiellement l’expédition du courrier par voie d’aérostats.
De cette date à la fin du siège, le 28 janvier 1871, ce sont pas moins de 65 autres ballons qui s’envolent depuis Paris, transportant au total 164 passagers, 381 pigeons, 5 chiens et plus de 2 millions de lettres, journaux et formules. Tous ne connaissent pas un destin aussi heureux que celui du Neptune. Les pilotes, en effet, sont inexpérimentés : faute d’aérostiers disponibles dans Paris, on a, pour les remplacer, dispensé une formation expéditive à des gymnastes ou des marins volontaires. En résultent de nombreuses erreurs de navigation, parfois tragiques : certains ballons tombent dans les lignes ennemies et sont capturés. D’autres dérivent jusqu’en Allemagne ou en Norvège (c’est l’histoire du ballon La Ville d’Orléans que nous vous avons racontée dans un précédent article) ou, pire encore, se perdent corps et bien dans les eaux glaciales de l’Atlantique. Enfin, les Prussiens parviennent, le 12 novembre, à abattre un ballon, le Daguerre, en utilisant les premiers canons antiaériens de l’histoire, construits par l’industriel Krupp.
Pour être transportées par ballon, les lettres, en elles-mêmes, se devaient de ne pas excéder quelques grammes. Pour satisfaire à cette contrainte, les expéditeurs ont, le plus souvent, utilisé une seule feuille de papier, très mince, qu’ils ont pliée et cachetée de manière à ne pas avoir à utiliser d’enveloppe. En l’état, ces correspondances constituent aujourd’hui une source précieuse d’information. Les Parisiens y décrivent leurs conditions de vie, particulièrement rigoureuses. Parmi les sujets les plus fréquemment évoqués : le froid intense de l’hiver, alors que le charbon et le bois manquent cruellement ; la flambée du prix des denrées alimentaires qui les amène à manger chats, chiens, rats et jusqu’aux animaux du zoo de Vincennes ; ou encore la peur des obus prussiens qui, à partir du 5 janvier, s’abattent quotidiennement sur la capitale.
Certains ballons-montés se négocient sur le marché philatélique à partir d’une centaine d’euros (ce sont les plus courantes), mais leur valeur peut monter en flèche, en fonction de leur degré de rareté. Pour cela, il faut par exemple qu’ils aient été confié de la main à la main aux aéronautes, qu’ils soient porteurs d’une oblitération ou d’un affranchissement particulier (on connaît ainsi des ballons montés affranchis avec un tête -bêche) ou bien encore… qu’ils aient été expédiés vers une destination lointaine, tels que ceux que nous vous présentons aujourd’hui.
Les ballons montés à destination de l’étranger sont en effet recherchés à la fois par les collectionneurs de la Guerre de 1870 et, à l’international, par les philatélistes souhaitant rassembler tout ce qui concerne leur pays de prédilection. Si certaines destinations sont courantes (on pense à la Belgique, la Grande-Belgique et la Suisse), d’autres, en revanche, sont rarissimes, telles que le Japon (quelques lettres connues, parmi lesquelles celle que nous vous présentons est probablement la mieux conservée) ou l’Afrique du Sud (deux ballons montés recensés et pas un de plus). A noter pour conclure : certaines destinations restent inconnues à ce jour… mais de nouvelles découvertes ne sont jamais à exclure !
Retour sur le salon Paris-Philex 2024
Le salon Paris-Philex 2024 a-t-il été un bon millésime ? De manière générale, nous participions à ce salon avec une certaine inquiétude. Comme nous vous en avions informé, l’avenir des salons philatéliques n’est pas assuré, et il est certain qu’une fréquentation en berne n’aurait pas un signe favorable allant dans le sens de leur continuation.
En l’occurrence, et nous en sommes très heureux, la fréquentation s’est avérée bonne. Les philatélistes se bousculaient dans les allées, le premier jour, et le stand que nous partagions avec la maison David Feldman a connu une affluence constante, nous permettant de réaliser des expertises nombreuses et de qualité. C’est donc avec confiance que nous anticipons le prochain salon auquel nous participerons, à savoir le Salon philatélique d’automne, qui aura lieu du 7 au 9 novembre 2024 à Paris Porte de Champerret (à vos agendas !).
Pour ceux et celles qui n’ont pas pu être présents, nous vous offrons une séance de rattrapage sur quelques temps forts du salon.
Pour commencer, nous vous avions alerté il y a quelques semaines sur l’apparition massive sur le marché philatélique de faux pour tromper la Poste en provenance de Chine et vous avions donné les moyens de reconnaître les faux “Dewoitine”. Suite à cet article, un philatéliste (que nous remercions chaleureusement) nous a confié pour examen des faux que nous n’avions pas encore eu en main, à savoir les faux carnets “Marianne l’Engagée” lettre verte avec la couverture Découvrez nos 23 abonnements. Notre seul regret est de ne pas avoir eu sur le salon le matériel nécessaire pour prendre des photographies meilleure qualité, mais espérons que celles ci-dessous permettront tout de même d’appuyer notre démonstration.
Il s’avère qu’il existe non pas une, mais au moins trois versions différentes de ces carnets faux (les faussaires ayant vraisemblablement corrigé leurs erreurs après avoir réalisé les avoir commises). Pour vous rendre compte par vous-même de la qualité de cette production, nous vous proposons un petit défi. Saurez-vous déterminer, sur les photos ci-dessous, quels sont les trois carnets faux et quel est le carnet authentique ?
La réponse est la suivante : le carnet authentique est le premier, et les trois suivants sont des contrefaçons. La manière de les différencier est de se fier avant-tout au numéro à trois chiffres que la Poste utilise pour individualiser chaque carnet.
sur le carnet 4, ce numéro se trouve par erreur à gauche, au lieu d’être à droite, à la place où aurait normalement dû se trouver le numéro de presse (TD 207) qui, lui, a disparu.
sur les carnets 2 et 3, ce numéro se trouve bien à droite, mais les caractères utilisés sont trop petits et trop fins.
Par ailleurs, sur le carnet 2, les faussaires ont commis une erreur supplémentaire, (difficilement visible sur la photo, mais amusante) : au bas de chaque timbre, on trouve la mention phil@poste avec un “@" à la place de philaposte avec un “a” (rappelons que la Poste a abandonné la graphie “phil@poste” depuis fin 2020).
Enfin, sur les carnets 2 et 3, les bandes phosphorescentes présentent un défaut récurrent : un petit “créneau” dans l’intervalle séparant les timbres verticalement.
Soulignons que l’usage de ces timbres expose à des sanctions judiciaires. Soyez particulièrement vigilants lorsque vous achetez sur des sites de vente en ligne ce type de carnets en “sous faciale”.
Autre temps fort du salon : la 33e cérémonie des Trophées du timbre. Les 85 000 votants ont permis au timbre en hommage au colonel Arnaud Beltrame d’être élu timbre de l’année 2023, rendant ainsi un bel hommage à ce héros du quotidien de la gendarmerie nationale. Vous trouverez sur le site de la Poste l’intégralité du palmarès.
Le Championnat de France de philatélie, organisé par la FFAP, a permis pour sa part de distinguer la collection d’Olivier Stocker sur Le type Blanc de France (médaille d’Or et Grand Prix). Parmi les nombreuses pièces présentes dans cette collection, nous avons retenu un document : le rapport officiel démontrant la réalité de l’existence du service postal du Monténégro en France en 1916. Nous avions reproduit le texte de ce document dans un précédent article, mais nous ignorions totalement où le document en lui-même se trouvait. Cette redécouverte est véritablement exceptionnelle.
Enfin, le Catalogue des marques postales d’accidents ferroviaires de France et anciennes Colonies écrit par notre expert Alain Jacquart en collaboration avec Bertrand Sinais, de l’Académie de Philatélie, et François Bouloux a obtenu une médaille Grand Vermeil dans la catégorie Littérature. Toutes nos félicitations à eux, ainsi qu’à l’ensemble des participants. Voir l’intégralité du palmarès des compétitions de Paris-Philex 2024
Vendez vos timbres au mieux !
La maison Calves est le cabinet de référence en France pour l’expertise des timbres de collection. Depuis plus de 50 ans, c'est à nous que les professionnels de la philatélie (négociants et maisons de vente) font appel pour établir l'authenticité de leurs timbres. Cette spécificité fait que nous sommes parmi les plus qualifiés en France aujourd'hui pour juger de l’intérêt d’une collection (nous avons une connaissance à 360 degrés des spécialités philatéliques, y compris les plus pointues : marques postales, timbres de la Libération, guerre de 1870, etc.) ; estimer sa valeur réelle (nous suivons au plus près les résultats des ventes et l'évolution des cours) ; vous orienter vers un professionnel pour la vendre (sur le marché français, nous les connaissons presque tous et travaillons avec la majorité d'entre eux). Nous sommes à votre disposition pour vous conseiller, si vous souhaitez vendre tout ou partie de votre collection ou des timbres à la pièce.
merci encore !
Les faux sont légions en ce moment .il y a un retour du bloc barbie en pagaille et ... à noté que le faux devoïtine a évolué et que les faussaires proposent maintenant des lots avec des numéros différents !!
Méfiance…